Malgré la crise économique qui persiste depuis quatre ans, l'Etat angolais s'enorgueillissait jusque-là de rémunérer rubis sur l'ongle ses 360.000 agents entre le 25 et le 27 de chaque mois.
Cette ponctualité a volé en éclats le mois dernier, lorsque les fonctionnaires n'ont reçu qu'une partie de leur salaire avec, en prime, deux semaines de retard.
"Les salaires d'avril n'ont pas encore été payés en totalité", a confirmé à l'AFP un porte-parole du ministère des Finances, Adebayo Vunge. "Nous avons entamé les opérations de paiement vendredi (4 mai) et pensons les conclure ce jeudi."
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Rien de grave, a tenté de rassurer M. Vunge. "Tout est dû au fait que le ministre était absent d'Angola, il se trouvait aux Etats-Unis pour une réunion avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale", a-t-il très sérieusement assuré.
Le secrétaire général de la Confédération des syndicats, Manuel Augusto Viage, n'en croit pas un mot.
"Ce qu'on nous dit, c'est que l'Etat a été confronté à des difficultés de trésorerie qui l'empêchent de payer les salaires en temps normal", a-t-il assuré mercredi à l'AFP.
La situation commence à alarmer nombre de fonctionnaires.
"Beaucoup d'entre nous ont déjà du mal à vivre avec un salaire mensuel de 73.000 kwanzas (environ 170 euros)", s'est plaint auprès de l'AFP un policier, Joao Antonio, "avec les retards (...) nous sommes obligés d'accumuler les dettes pour vivre".
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Selon une source proche du ministère des Finances, les retards ont pour origine les "difficultés" de l'Etat à percevoir ses recettes fiscales. "L'Etat a de multiples engagements, il doit donc faire en sorte de redéfinir ses priorités", a-t-elle précisé à l'AFP.
L'Angola traverse depuis plusieurs années une grave crise économique et financière provoquée par la chute des cours de l'or noir, sa principale ressource.
Au pouvoir depuis septembre dernier, le président Joao Lourenço a promis aux 28 millions d'Angolais un "miracle économique" par la relance des investissements étrangers dans son pays et une lutte sans merci contre la corruption.
Il a succédé à José Eduardo dos Santos, qui lui a cédé les rênes du pays après un règne sans partage de trente-huit ans pendant lequel il a mis l'économie en coupe réglée au profit d'une poignée de proches.
Avec AFP