Dans une procession extrêmement solennelle, accompagnée de chants longuement psalmodiés, les évêques couverts de mitres, suivis de prêtres en lourdes chasubles dorées, ont accompagné le pape, simplement vêtu de blanc, vers un autel sous un portique de pierre en plein air, à côté de la Porte de Saint Grégoire l'Illuminateur, entrée principale du Saint-Siège d'Etchmiadzin.
Cet autel avait été construit en 2001 à l'occasion du 1700e anniversaire de la proclamation du christianisme en Arménie.
Parlant dans ce lieu sacré, à vingt km de Erevan, aux côtés du Catholikos Karékine II, Jorge Bergoglio a insisté à plusieurs reprises: "suivons l'appel de Dieu à la pleine communion et hâtons le pas vers elle (...) Que la communion entre nous soit pleine".
En marque d'humilité, le pape a demandé au Catholikos de le "bénir ainsi que l'Eglise catholique, de bénir notre course vers la pleine unité". Les deux hommes se sont ensuite longuement donné l'accolade.
Il a voulu rassurer ses interlocuteurs, alors que les Eglises orientales ont peur de perdre leur identité: cette unité "ne doit être ni soumission l'un à l'autre, ni absorption".
"Ecoutons la voix de tant de victimes de la haine qui ont sacrifié leur vie pour la foi, tendons l'oreille aux nouvelles générations qui implorent un avenir libre des divisions du passé", a-t-il encore imploré.
De son côté, le Catholikos a estimé que "la Sainte Eglise du Christ est une par son oeuvre d'évangélisation, par sa volonté de préserver la Création".
Mais, a-t-il observé, "le processus de sécularisation ébranle nos valeurs spirituelles et morales, menace le structure familiale instituée par Dieu".
Il a salué les "minorités nationales de l'Arménie" présentes: Assyriens, Biélorusses, Grecs, Géorgiens, juifs, Yézidis, Kurdes, Allemands, Polonais, Russes et Ukrainiens".
L'Eglise apostolique arménienne s'était séparée de l'Eglise catholique au IVe siècle parce qu'elle refusait la double nature, humaine et divine, du Christ.
Les Eglises orthodoxes et orientales donnent le spectacle de leurs divisions, jalousies et luttes d'influence, comme actuellement à l'occasion du Concile panorthodoxe en Crète, que plusieurs Eglises dont l'Eglise russe ont décidé de bouder.
Avec AFP