Des stars de Bollywood aux modestes vendeurs de rue, des agriculteurs de la plaine du Gange aux magnats milliardaires, 67% des 900 millions d'électeurs indiens ont exprimé leur voix pour ces 17e législatives depuis l'indépendance du géant d'Asie du Sud, un niveau de participation normal.
Appelée à élire ses députés lors de sept gigantesques phases réparties sur avril et mai, la démocratie la plus peuplée du globe attend, entre excitation et inquiétude, de découvrir la couleur politique de son gouvernement pour les cinq prochaines années.
Les marchés financiers indiens parient eux que ce sera à nouveau le safran des nationalistes hindous. La Bourse de Bombay a bondi en début de semaine sur la foi de sondages sortie des urnes, notoirement peu fiables, suggérant un deuxième mandat pour le Premier ministre Modi et son Bharatiya Janata Party (BJP).
Le comptage des voix, enregistrées sur des machines électroniques dans plus d'un million de bureaux de vote, débute à 08H00 locales (02H30 GMT). Les résultats pourraient être connus dans la journée.
Le ministère de l'Intérieur a demandé aux autorités locales de se tenir en alerte sur de possibles éruptions de violence.
Pratiquant une ultra-personnification du pouvoir et doté d'un sens politique redoutable, Narendra Modi a fait de ces législatives un quasi-référendum sur sa personne. Cet adepte d'une gouvernance par coups d'éclat a axé sa campagne sur un discours sécuritaire anxiogène, s'érigeant en défenseur de la nation.
- Modi contre Gandhi -
À la télévision, sur internet, sur des affiches dans la rue, le visage orné d'une barbe blanche et barré de fines lunettes de Narendra Modi est une présence constante dans la vie quotidienne des Indiens depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Une saturation de l'espace public que l'Inde n'avait plus connue depuis la Première ministre Indira Gandhi, assassinée en 1984.
Le charismatique fils d'un vendeur de thé du Gujarat (ouest) affronte une myriade de puissants partis régionaux bien décidés à le faire chuter, ainsi que le parti du Congrès emmené par l'héritier de la dynastie politique des Nehru-Gandhi, Rahul Gandhi.
Arrière-petit-fils, petit-fils et fils de Premiers ministres indiens, Rahul Gandhi, 48 ans, a la lourde charge de rajeunir et ramener aux responsabilités une formation hétérogène et usée par sa longévité. Longtemps dépassé par le rouleau compresseur des nationalistes hindous, il s'est aguerri ces derniers mois et leur a infligé plusieurs revers électoraux dans des Etats-clés.
Les analystes doutent que "NaMo", 68 ans et 142 centimètres de tour de poitrine - comme il s'en est un jour vanté -, parvienne à réitérer son exploit de 2014 en obtenant la majorité absolue avec son seul parti. Il pourrait devoir former une coalition plus large pour se maintenir à son poste.
Le dirigeant nationaliste hindou était à l'époque l'un des premiers représentants de la vague populiste mondiale actuelle à accéder au pouvoir. Vu comme réformateur et favorable aux affaires, il promettait de dynamiser la croissance et de propulser l'Inde au statut de puissance économique majeure.
Après cinq ans de mandat, qui ont aussi vu une crispation politico-religieuse de la société indienne, le Premier ministre présente un bilan économique en demi-teinte. Malgré un taux de croissance enviable vu de l'extérieur (6,7% en 2017-2018), la progression est jugée insuffisante au regard du potentiel et des besoins du géant de 1,3 milliard d'habitants.
Les Indiens devaient élire 543 députés de la Lok Sabha, chambre basse du Parlement, au scrutin uninominal majoritaire à un tour.
Avec AFP