Le président américain, qui veut mobiliser toutes les opinions contre les groupes islamistes radicaux, profitera de son premier déplacement à l'étranger pour prononcer un discours sur une "vision pacifique" de l'islam.
De leur côté, les dirigeants musulmans attendent peut-être de Donald Trump qu'il jette des passerelles après les accusations d'islamophobie portées contre lui pendant la campagne électorale de 2016 et en liaison avec les restrictions annoncées début 2017 par les Etats-Unis pour les voyageurs venant de six pays à majorité musulmane.
Pour Ryad, l'objectif principal est d'affirmer son leadership régional face à son rival chiite, l'Iran, soulignent des analystes.
"C'est une démonstration de leadership régional pour l'Arabie saoudite" à travers sa capacité à réunir un grand nombre de dirigeants musulmans, relève Adam Baron de l'European Council on Foreign Relations.
Les dirigeants de pas moins de 55 pays musulmans, du sultanat de Brunei au Niger en passant par la Turquie, ont été invités au sommet. Aura également lieu dimanche une réunion avec les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le club des six pétromonarchies du Golfe.
La rencontre samedi entre M. Trump et le roi saoudien Salmane est en outre vue par Ryad comme une occasion de reconstruire des relations solides avec Washington après des années de frictions sous l'ancien président Barack Obama, jugé favorable à l'Iran.
L'accord de 2015 sur le nucléaire iranien avec six puissances mondiales, dont les Etats-Unis, a contribué à la fin de l'isolement de l'Iran, mais a suscité de sérieuses inquiétudes dans les capitales arabes.
- 'Sale boulot' -
Les dirigeants saoudiens, tenants de l'orthodoxie sunnite, accusent régulièrement l'Iran d'attiser les conflits régionaux en soutenant les mouvement chiites en Syrie, en Irak, à Bahreïn et au Yémen.
L'Iran, où se tient vendredi l'élection présidentielle, s'en défend, tout en accusant à son tour Ryad de soutenir des groupes sunnites radicaux.
Les rencontres du week-end à Ryad sont un "message au régime iranien radical qu'il aura contre lui un consensus mondial et un accord global entre les Etats-Unis et les mondes arabe et musulman", souligne Salman al-Ansari, président du Saudi American Public Relation Affairs Committee (SAPRAC), qui promeut les liens bilatéraux.
Le roi Salmane souhaite impliquer les Etats-Unis dans une démarche visant à "forger une alliance panislamique voulue comme un rempart contre le djihadisme et l'Iran", estime pour sa part Andreas Krieg du King's College de Londres.
Pour Mustafa Alani, du Gulf Research Centre, ces rendez-vous marquent les prémices d'une stratégie américaine visant à mobiliser le monde musulman contre les djihadistes sunnites du groupe Etat islamique (EI), ainsi que contre les milices chiites soutenues par l'Iran, comme le Hezbollah libanais.
"Je pense que ce sera important car cette stratégie est censée se traduire par une action sur le terrain, une participation financière, l'envoi de troupes et l'échange de renseignements", indique M. Alani.
Selon lui, l'administration américaine voit en l'Arabie saoudite un "super Etat régional" dont l'aide est nécessaire pour contenir l'Iran et "combattre le terrorisme". Avec Donald Trump, "nous assistons à un changement de ton et à un changement de politique".
Andreas Krieg estime pour sa part que le président américain a besoin d'un partenaire qui fasse le "sale boulot" car il ne veut pas impliquer ses soldats dans des conflits extérieurs, lui qui défend le slogan "l'Amérique d'abord".
"En fin de compte, cela signifie qu'il faut utiliser le CCG et les partenaires arabes comme mandataires et suppléants soutenus par l'équipement et la formation des Etats-Unis (payés par ces partenaires) pour mettre en oeuvre la politique américaine".
Avec AFP