Ibrahim Mussa, dit Roma Mkatoliki, et ses compagnons avaient été enlevés alors qu'ils se trouvaient dans les studios Tongwe Records, dans un quartier de la capitale économique tanzanienne, Dar es Salaam. Ils étaient réapparus sains et saufs le 8 avril, trois jours plus tard.
"Des inconnus en civil sont entrés au studio, avec des armes à feu et nous ont ordonné de monter dans leur véhicule, nous ont ensuite bandé les yeux avec des morceaux d'étoffe et nous ont menottés", a-t-il raconté lors d'une conférence de presse.
Selon son récit, le véhicule s'est arrêté à un moment donné, pendant la nuit, et les ravisseurs ont commencé à interroger les quatre hommes. Le rappeur a précisé que la police lui avait conseillé de ne pas divulguer le contenu de cet interrogatoire, pour ne pas nuire à l'enquête en cours.
Montrant des blessures aux bras et des contusions au visage, pendant qu'un de ses compagnons d'infortune présentait des pansements sur les épaules, Roma Mkatoliki a expliqué qu'ils avaient été "sérieusement battus", avant d'être abandonnés, bâillonnés, dans la nature.
Le ministre tanzanien de l'Information, Harrison Mwakyembe, présent au point de presse, a promis de veiller à ce que l'enquête ouverte par la police aboutisse dans des délais raisonnables et que les conclusions soient publiées.
Le ministre a cependant éludé plusieurs questions des journalistes demandant avec insistance s'il était prêt à démissionner si l'enquête concluait à l'implication des services de sécurité.
La disparition de Roma Mkatoliki était intervenue après l'arrestation le 26 mars par la police d'un autre rappeur, "Nay wa Mitego", en raison d'une chanson critiquant le pouvoir du président John Magufuli. Ce musicien avait été libéré le lendemain.
Dans de précédentes chansons, sorties avant l'élection de M. Magufuli en octobre 2015, Roma Mkatoliki avait dénoncé la corruption et le clientélisme dans les hautes sphères du pouvoir tanzanien, ainsi que le manque de liberté d'expression.
Surnommé "tingatinga" ("bulldozer" en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis son élection, déployant un style inhabituellement direct, voire abrupt, dans son exercice du pouvoir. Au point que ses détracteurs le qualifient désormais d'autoritaire et de populiste.
Aec AFP.