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Enlèvements au Kenya: le chef de la police sommé de s'expliquer au tribunal


La Commission nationale kényane des droits humains (KNCHR) a enregistré 82 cas d’enlèvements depuis les manifestations antigouvernementales de juin-juillet.
La Commission nationale kényane des droits humains (KNCHR) a enregistré 82 cas d’enlèvements depuis les manifestations antigouvernementales de juin-juillet.

La Haute cour kényane a enjoint mercredi l'inspecteur général de la police Douglas Kanja à s'expliquer sur une récente vague d'enlèvements de jeunes critiques du pouvoir qui a suscité l'indignation dans ce pays d'Afrique de l'Est.

M. Kanja a ignoré mercredi une audience dans le cadre d'une procédure en justice lancée après la disparition d'au moins six jeunes hommes lors des vacances de Noël. Il a été sommé de comparaître le 27 janvier. Cinq d'entre eux ont réapparu lundi mais des interrogations subsistent sur qui se cache derrière leurs enlèvements et où ils ont été détenus.

"Si l'inspecteur général de police ne se présente pas (...) j'inciterai à une condamnation" pour outrage au tribunal, a déclaré le juge Bahati Mwamuye devant une salle comble.

Bernard Kavuli, qui avait selon les médias kényans disparu le 22 décembre après avoir critiqué le président William Ruto sur les réseaux sociaux, s'est pour sa part présenté au tribunal les traits tirés, deux jours après avoir été retrouvé. L'avocat Ndegwa Njiru, présent à ses côtés, a déclaré à la presse qu'il a "été menotté et que ses ravisseurs étaient en possession d'armes à feu".

"La question que nous souhaitons poser à l'IG (inspecteur général de police) et à M. William Ruto est donc la suivante: combien de personnes sont autorisées par la loi à être en possession de menottes? Selon moi, seule la police peut vous menotter", a-t-il poursuivi. "Cette affaire ne sera pas réglée tant que l'IG ne viendra pas nous dire qui a menotté Kavuli (...) et les autres."

La Commission nationale kényane des droits humains (KNCHR) a enregistré 82 cas d’enlèvements depuis les manifestations antigouvernementales de juin-juillet, au cours desquelles plus de 60 personnes ont été tuées selon des ONG. La KNCHR estime que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues.

La police a à plusieurs reprises nié l'implication de ses membres dans les disparitions, mais des voix se sont demandées pourquoi les fonctionnaires de police ne semblent pas faire l'objet d'une enquête. Les groupes de défense des droits humains accusent une unité secrète issue des services de renseignement et de lutte contre le terrorisme.

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Le juge Bahati Mwamuye avait la semaine dernière, lors d'une autre audience ignorée par l'inspecteur général, ordonné à la police de présenter les six hommes au tribunal ou "d'expliquer sous serment" où ils se trouvent. Si Bernard Kavuli, Billy Mwangi, Peter Muteti, Rony Kiplagat et Gideon Kibet ont réapparu lundi, Steve Mbisi reste introuvable. Sa sœur, Stacey, présente au tribunal, a déclaré à l'AFP avoir "perdu espoir" en la justice.

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