La Marine italienne a confirmé mardi à l'AFP cette enquête menée par le parquet de Rome mais s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat.
Le 11 octobre 2013, le patrouilleur Libra était intervenu après le chavirage d'un bateau chargé de centaines de Syriens entre Malte et l'île italienne de Lampedusa: 212 personnes sauvées, 26 corps repêchés et plus de 240 disparus, dont une soixantaine d'enfants.
Ce jour-là, un médecin syrien qui a perdu ses enfants de 6 ans et 9 mois dans le naufrage a appelé plusieurs fois à la mi-journée les gardes-côtes italiens via un téléphone satellitaire pour prévenir que le bateau prenait l'eau.
Les gardes-côtes italiens ont transmis à 13H05 le relais à leurs confrères maltais, tout en envoyant à 13H40 un message signalant la situation aux navires se trouvant dans la zone.
C'était le cas du Libra et d'une corvette italienne, le Chimera, mais aucun des deux ne s'est précipité, attendant apparemment des instructions des gardes-côtes maltais.
Le bateau qui prenait l'eau a fini par chavirer à 17H07. Les secours maltais sont arrivés peu après et le Libra vers 18H00. Pour beaucoup, il était trop tard.
Aux commandes du Libra, Catia Pellegrino, première femme à diriger un navire militaire italien, décorée par la suite de l'ordre du mérite pour ce sauvetage et d'autres dans le cadre de l'opération Mare Nostrum, pendant laquelle la marine italienne a secouru des dizaines de milliers de migrants en 2013 et 2014.
Son expérience a fait l'objet d'un documentaire en 2014, "Le choix de Catia", qui a beaucoup ému en Italie.
Elle et les autres officiers mis en cause "sont plus qu'innocents, ce sont des héros ! Vérifier s'il y a eu des problèmes de coordination est une chose, mais envisager l'homicide involontaire et la non-assistance à personne en danger, franchement, cela n'a aucun fondement", a commenté dans le journal Messaggero Nicola Latorre, président de la commission Défense au Sénat.
Avec AFP