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Enquête sur des accusations de fraudes massives liées à l'aide humanitaire en Ouganda


Le haut-commissaire des Nations unies Fillippo Grandi discute avec des réfugiés sud-soudanais à Arua, Ouganda, le 30 janvier 2018. (VOA/H. Athumani)
Le haut-commissaire des Nations unies Fillippo Grandi discute avec des réfugiés sud-soudanais à Arua, Ouganda, le 30 janvier 2018. (VOA/H. Athumani)

L'Ouganda a annoncé une enquête sur des allégations de fraudes massives liées à l'aide humanitaire, l'ONU ayant également alerté les autorités sur des accusations de trafic d'êtres humains dans des camps de réfugiés dans ce pays.

"Le bureau du Premier ministre a reçu des informations alléguant des actes de mauvaise gestion de fonds et d'autres ressources destinées aux réfugiés et aux communautés accueillies dans le pays", a indiqué Musa Ecweru, ministre d’État notamment en charge des questions liées aux réfugiés, dans un communiqué.

"Le gouvernement a pris des mesures pour enquêter sur ces informations en vue d'agir à l'encontre des coupables, s'il y en a", a ajouté la même source, assurant travailler à cet égard en collaboration avec l'ONU, mais sans préciser la nature des allégations et quand l'enquête a été ouverte.

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Interrogés par l'AFP, des responsables d'ONG ont indiqué soupçonner depuis plusieurs années que les chiffres officiels sur le nombre de réfugiés en Ouganda ont été gonflés artificiellement, notamment dans le but de détourner massivement des fonds et autres ressources humanitaires.

"Si vous dites qu'il y a 1.000 réfugiés alors qu'il y en a 800, et bien vous gardez pour vous l'aide destinée aux 200 réfugiés" qui n'existent pas, a expliqué un de ces responsables, sous couvert de l'anonymat.

L'Ouganda, un des pays les plus pauvres au monde, est depuis longtemps considéré comme l'un de ceux offrant l'environnement le plus favorable aux réfugiés. Officiellement, il accueille 1,4 million de réfugiés, dont environ un million de Sud-Soudanais. Jeudi, le Haut-Commissaire de l'ONU aux réfugiés, Filippo Grandi, avait encore salué "une des politiques les plus progressistes pour les réfugiés, pas seulement en Afrique, mais aussi dans le monde".

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Selon des sources diplomatiques, au moins un important donateur a suspendu, à la lumière de ces allégations, la majeure partie de l'aide humanitaire qu'il fournit, dans l'attente de la mise en place d'un système d'identification biométrique des réfugiés. D'autres donateurs ont menacé de lui emboîter le pas.

Un document interne au bureau du Premier ministre ougandais, daté du 29 janvier, évoque par ailleurs des allégations de corruption de fonctionnaires ougandais réclamant de l'argent à des réfugiés souhaitant s'enregistrer en Ouganda, un service censé être gratuit.

La coordinatrice résidente de l'ONU en Ouganda, Rosa Malango, a précisé à l'AFP qu'un audit interne était en cours au sein du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR) en Ouganda, en lien avec les allégations de corruption et de fraude.

'Femmes et filles vendues'

L'annonce de l'ouverture de l'enquête fait suite à l'envoi par Mme Malango d'un courrier au bureau du Premier ministre, le 26 janvier. Mme Malango a assuré lundi à l'AFP s'être inquiétée auprès des autorités ougandaises d'allégations "allant de la corruption à la fraude, en passant par le trafic de femmes et filles ainsi que par l'intimidation et le harcèlement du personnel de l'ONU".

"A partir du moment où quelqu'un, qui qu'il soit, évoque quelque chose qui ressemble à de l'exploitation ou des abus sexuels, je me dois de demander une enquête (...), et c'est ce que j'ai fait", a affirmé Mme Malango, ajoutant que les autorités ougandaises lui ont assuré qu'une enquête serait ouverte à ce sujet.

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Les autorités ne se sont toutefois pas exprimées lundi sur cette éventuelle enquête, se contentant de mentionner dans le document interne daté du 29 janvier que "le trafic de filles mineures et de femmes est une question que (le bureau du Premier ministre) prend très au sérieux".

Une source diplomatique sous couvert d'anonymat a précisé que ces accusations portent sur des femmes et filles sud-soudanaises se trouvant dans des camps de réfugiés dans le nord de l'Ouganda, qui seraient vendues comme "épouses" à des combattants sud-soudanais et donc renvoyées dans leur pays en guerre. Des fonctionnaires ougandais chargés de la protection des réfugiés pourraient être impliqués, selon la même source.

Avec AFP

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