Ce prêt, sous la forme d'un Mécanisme élargi de crédit (MEDC) qui doit encore être avalisé par le Conseil d'administration du FMI, devrait notamment permettre au plus peuplé des pays arabes de tenter de redresser son économie vacillante depuis la révolte populaire qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir en 2011.
L'Egypte est en effet très affectée par l'instabilité politique et les violences qui secouent depuis cinq ans un pays quasiment déserté par les touristes et de plus en plus boudé par les investisseurs étrangers.
Avec l'effondrement de la livre égyptienne et une très importante inflation, les prix des produits de première nécessité ont explosé et le pouvoir d'achat des ménages a chuté.
L'annonce commune de cette entente préliminaire, "au niveau des experts" pour l'heure, a été lue en conférence de presse par Chris Jarvis, qui mène une délégation du FMI venue négocier au Caire depuis le 30 juillet.
Le Conseil d'administration du FMI doit se prononcer sur ce prêt de 12 mds USD (10,76 Mds EUR) à l'Egypte "dans les prochaines semaines", a assuré M. Jarvis.
Dans un premier temps, aucun détail n'a été livré sur les conditions exactes à remplir pour le gouvernement égyptien pour obtenir ce prêt, que la presse égyptienne et les experts internationaux anticipent drastiques et douloureuses pour la population.
En particulier l'instauration d'une TVA généralisée, la fin des prix subventionnés pour des produits de première nécessité comme l'essence, l'électricité et des denrées alimentaires de base, etc.
- Dévaluation et inflation -
L'Egypte avait officiellement demandé un "soutien financier" au FMI le 27 juillet dernier, "pour accompagner son programme économique".
La révolte populaire qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir début 2011 a été suivie par une grande instabilité jusqu'à l'intervention de l'armée qui a destitué en juillet 2013 le premier président égyptien élu démocratiquement, l'islamiste Mohamed Morsi, après que des millions de personnes eurent réclamé dans la rue son départ.
Le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, le chef de l'armée qui avait destitué M. Morsi, est, depuis, accusé par les ONG de défense des droits de l'Homme et l'ONU d'être l'un des plus autoritaires au monde, réprimant dans le sang toute manifestation des partisans de M. Morsi et de manière implacable toute opposition ou même voix critique venant des mouvements libéraux ou de la gauche laïque.
Parallèlement, la branche égyptienne de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) mène une campagne sanglante d'attentats visant essentiellement l'armée et la police.
Mais elle n'a pas épargné non plus les intérêts étrangers: elle a notamment fait exploser, le 1er octobre 2015, une bombe à bord d'un avion de touristes russes qui venait de décoller de la station balnéaire de Charm el-Cheikh (sud-est), tuant ses 224 occupants.
Malgré une aide massive des monarchies pétrolières du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, l'Egypte n'a pas réussi, depuis 2011, à redresser une situation qui a conduit son économie quasiment au bord du gouffre.
En raison de la fuite des touristes et de la désaffection croissante des investisseurs étrangers, les réserves en devises ont fondu, contraignant la Banque centrale à dévaluer la livre égyptienne de près de 15% face au dollar en mars et renchérissant considérablement les produits importés.
L'inflation a elle battu en 2016 un record qui datait de près de 8 ans, avec près de 14% en glissement annuel en juin.
Si sa cote de popularité est toujours élevée, M. Sissi essuie depuis quelques mois dans la presse égyptienne des critiques inédites, en particulier sur le plan social et économique.
On lui reproche notamment de grands travaux pharaoniques très dispendieux, comme le doublement d'une partie du Canal de Suez, ou l'achat massif et très coûteux d'armements ultra-sophistiqués, à la France en particulier.
Avec AFP