Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Entre Washington et Moscou, la réconciliation attend toujours


Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson face au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson face au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov

Donald Trump l'avait martelé pendant sa campagne: il allait réconcilier l'Amérique avec la Russie de Vladimir Poutine. Un an après son entrée en fonction, un climat de Guerre froide domine plus que jamais les relations entre les deux puissances.

Malgré les promesses du candidat républicain, suivies de la nomination d'un chef de la diplomatie mettant en avant ses liens personnels avec M. Poutine, Rex Tillerson, les principaux désaccords demeurent et Moscou et Washington s'échangent quotidiennement reproches acrimonieux et menaces de nouvelles sanctions.

"On fait face à un certain paradoxe: les dirigeants des deux pays ont dit vouloir améliorer les relations, mais celles-ci n'ont fait que se dégrader", constate Vladimir Vassiliev, chercheur à l'Institut des Etats-Unis et du Canada à Moscou.

Accusées d'avoir oeuvré en coulisses pour favoriser la victoire de Donald Trump face à une Hillary Clinton favorable à une ligne de fermeté, les autorités russes en sont réduites à présenter l'hôte de la Maison Blanche comme l'otage de combats politiques internes à Washington. Et à faire le dos rond en attendant que l'orage de l'affaire russe passe.

"Les relations russo-américaines méritent mieux, nos peuples méritent mieux", a déclaré à l'AFP la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. "La Russie s'est toujours prononcée en faveur du renforcement des relations bilatérales, quel que soit le président au pouvoir aux Etats-Unis".

Les tensions n'ont cessé de s'aggraver entre Moscou et Washington ces dernières années sur un nombre de dossiers internationaux comme l'Ukraine, l'Iran et la Syrie.

A la suite de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014 suivi de la guerre dans l'Est de l'Ukraine, les Etats-Unis ont adopté des sanctions de plus en plus strictes contre la Russie.

L'"an un" de la présidence Trump a été marqué par une série de nouvelles sanctions américaines mais aussi des expulsions réciproques de diplomates dignes des heures les plus dramatiques de la Guerre froide.

Quotidiennement, le Kremlin est amené à commenter les rebondissements de l'enquête a été lancée aux Etats-Unis sur l'ingérence russe présumée dans la présidentielle de 2016 et une éventuelle "collusion" avec l'équipe de campagne du républicain.

Mme Zakharova dénonce une "hystérie antirusse" par "les mêmes personnes qui ont fait jouer la carte antirusse lors de la campagne électorale de Hillary Clinton (...) et n'ont pas pu accepter la défaite de leur candidate".

"Ils avaient besoin de trouver un facteur extérieur pour expliquer leur propre échec", affirme-t-elle, démentant tout rôle de Moscou dans la victoire de Donald Trump: "C'est le président américain, élu par le peuple américain".

'Plus de pressions'

Sur les grands dossiers internationaux, le fossé ne s'est pas comblé.

Lors de sa conférence de presse annuelle lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a attaqué Washington sur quasi tous les sujets ayant marqué l'année: "Les actions de l'administration actuelle sont malheureusement dans la lignée de l'administration Obama, en dépit de la ligne du président Trump durant la campagne électorale. Dans certains domaines, elle exerce même plus de pressions".

En Syrie, malgré un objectif commun affiché de lutter contre les jihadistes, les Occidentaux accusent la Russie d'avoir surtout appuyé militairement le régime de Bachar al-Assad contre les rebelles. L'armée russe a reproché à Washington de soutenir la branche syrienne d'Al-Qaïda, voire de faire le jeu du groupe Etat islamique pour ralentir l'avancée des forces syriennes.

En Ukraine, le gouvernement Trump non seulement continue d'accuser la Russie de soutenir militairement les séparatistes, mais a aussi annoncé vouloir muscler ses livraisons d'armements à Kiev, qui pourraient désormais comprendre des missiles antichar.

En se gardant de viser Donald Trump frontalement, Moscou a vivement critiqué deux de ses décisions majeures de politique étrangère: reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et remettre en cause l'accord sur le nucléaire iranien.

Après avoir accusé fin 2016 le gouvernement Obama d'avoir "délibérément détruit les relations russo-américaines", la Russie avait "de grands espoirs" d'amélioration avec l'élection de Donald Trump, reconnaît à l'AFP Ivan Kourilla, chercheur à l'Université Européenne de Saint-Pétersbourg.

"L'élite russe continue de croire que Trump ne souhaite pas une confrontation totale, et l'espoir pour une amélioration reste", assure-t-il. "Si non pour cette année, alors pour l'année prochaine".

Avec AFP

XS
SM
MD
LG