Avec Messi, Benzema, certaines des plus grandes stars du ballon rond présentes sur la pelouse, et les deux meilleures attaques de Liga, on attendait des buts, et du spectacle... Mais c'est un constat évident qui s'est imposé: presque à mi-saison, les deux géants du foot espagnol font jeu égal, et ont fini par se neutraliser à 0-0, pour la première fois depuis 2002.
Si le Barça reste leader au prix d'une victoire supplémentaire, le clasico a été équilibré, engagé, rugueux... et parsemé d'erreurs techniques, car les joueurs ont semblé quelque peu timorés par l'enjeu sportif et le lourd contexte politique.
Tifo géant, banderoles, cris "Llibertat!": le public du Camp Nou a fait entendre ses revendications indépendantistes avant le coup d'envoi et pendant le match, brièvement interrompu à la 55e minute pour dégager des dizaines de ballons de plage lancées sur la pelouse depuis les gradins, pour protester contre les balles en gomme tirées par la police pour réprimer les manifestations indépendantistes.
Aux abords du stade, la police a chargé des centaines d'indépendantistes qui avaient mis le feu à une barricade, occasionnant une douzaine de blessés légers.
"Il se dit beaucoup de choses autour mais en fin de compte, ce que les gens veulent voir, c'est un bon match de football", avait résumé Zidane mardi. Mais après des revendications politiques moins importantes qu'attendu, et un match bridé, les gens n'ont eu ni l'un, ni l'autre.
Le Real Madrid a eu la maîtrise du ballon pendant une grosse heure de jeu, multipliant les situations de danger dans la surface de Marc-André ter Stegen, en enchaînant les centres.
- Des Français engourdis -
Mais à l'instar d'un Raphaël Varane chahuté tour à tour par Ivan Rakitic, Sergi Roberto, et Gerard Piqué, le Barça n'a jamais su imposer suffisamment son physique pour faire la différence.
Les Barcelonais, eux non plus, n'ont pas eu les occasions suffisantes en contre: les coups de génie de Lionel Messi, récemment couronné d'un sixième Ballon d'Or et qui disputait son 42e Clasico (un de moins que le recordman madrilène Sergio Ramos, 43), n'ont pas suffi cette fois.
Comme sur cette reprise de volée opportune (30e) ou cette louche bien sentie pour Jordi Alba (40e), finalement infructueuses, "la Pulga" a manqué l'occasion de conclure sa fabuleuse année 2019 en beauté.
Entre les attaquants Karim Benzema ou Antoine Griezmann, pour sa première, un joueur français aurait pu s'illustrer, pour le clasico le plus tricolore de tous les temps (cinq joueurs français ont été alignés pour la première fois sur les 22 titulaires mercredi, avec Lenglet, Griezmann côté blaugrana; et Benzema, Mendy et Varane côté merengue, sans compte Zidane).
- Tifo, ballons et cris "Llibertat!" -
Mais il n'en a rien été. Si les joueurs étaient engourdis, les revendications politiques sont restées assez froides, elles aussi, et n'ont pas été aussi importantes que ce que redoutaient les forces de l'ordre, qui avaient déployé un dispositif sans précédent, avec 3000 agents dont mille policiers.
Ciblée par des manifestations indépendantistes, la rencontre, initialement prévue le 26 octobre à Barcelone, avait dû être repoussée pour "raisons exceptionnelles" selon la fédération espagnole de football (RFEF), en raison d'incessantes mobilisations et de violents heurts en Catalogne.
Les 5000 manifestants recensés par la police ont bloqué la circulation autour du stade dès la fin d'après-midi, dans une ambiance festive.
Dans les gradins, la seule différence par rapport à une autre rencontre de haut-niveau a été le déploiement de milliers de banderoles bleues et une grande jaune affichant "#SpainSitAndTalk" (Espagne, assieds-toi et dialogue, en anglais) et "Freedom" (liberté), le slogan de la plateforme indépendantiste Tsunami Démocratique, à l'origine de cette action.
Et, à la 55e minute, les quelques dizaines de ballons lancés sur la pelouse depuis les tribunes, alors que le jeu était déjà arrêté pour un remplaçant catalan.
Malgré la pression populaire et politique, c'est le football qui a régné: un football rugueux, accroché, mais qui consacre deux rois, deux géants qui font jeu égal.