La participation s'annonce massive pour cette journée, où les électeurs décideront si les indépendantistes doivent conserver la majorité absolue gagnée en 2015.
"Toute l'attention se concentre sur le point de savoir si le processus indépendantiste continuera ou s'interrompra" dans cette région du nord-est de l'Espagne, résume le politologue Joan Botella à Barcelone.
En 2015, les indépendantistes avaient pour la première fois remporté une majorité des sièges au parlement catalan, en rassemblant 47,8% des suffrages (avec 77,4% de participation).
Une participation massive est de nouveau attendue pour ces élections exceptionnellement convoquées par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, qui a placé la région sous tutelle après la déclaration d'indépendance de son parlement régional, qui avait vivement inquiété en Europe.
Un scrutin aux allures de référendum pour ou contre l'indépendance: "Ma famille votera 'oui'", "la mienne 'non'", disent ainsi à l'AFP deux jeunes amis de 16 et 23 ans, dans le village de Fogars-de-la-Selva à 60 kilomètres de Barcelone.
Les conservateurs qui dirigent actuellement l'Espagne, de même que les libéraux de Ciudadanos et leurs adversaires socialistes, ont fait campagne en fustigeant "le cauchemar" ou "la folie" indépendantiste.
Ils ont insisté sur "la fracture sociale" créée par la question de l'indépendance dans la région ou sur la fuite de 3.000 entreprises qui ont déplacé leur siège social ailleurs.
Nombre d'analystes tablent cependant sur un gouvernement dirigé par les indépendantistes.
Selon les sondages, la bataille pour la première place se jouerait entre le parti sécessionniste de gauche ERC du vice-président destitué Oriol Junqueras - inculpé et emprisonné pour "rébellion" - et la formation Ciudadanos incarnée par Inès Arrimadas.
Va-tout pour Puigdemont
Les deux principaux dirigeants destitués par Madrid jouent leur va-tout avec ce scrutin, mais se présentent sur des listes séparées.
Le président catalan révoqué, Carles Puigdemont (droite indépendantiste), qui s'est exilé à Bruxelles, entend reconquérir son poste par les urnes, tout en sachant qu'il serait aussitôt arrêté s'il rentrait.
"Ce qui est en jeu, ce n'est pas qui remporte les élections, mais si c'est le pays (la Catalogne, ndlr) qui gagne ou si c'est Rajoy", a lancé M. Puigdemont par vidéoconférence lors du dernier meeting de sa liste Ensemble pour la Catalogne.
Oriol Junqueras n'a, lui, pas pu faire campagne. Autorisé à dix appels téléphoniques par semaine depuis sa prison, il a néanmoins envoyé à ses militants messages, poèmes et enregistrements...
Nombre d'électeurs arboreront jeudi des rubans ou vêtements jaunes, couleur de la protestation contre la détention prolongée de quatre leaders indépendantistes.
Pessimisme
En octobre, la région avait organisé clandestinement un référendum d'autodétermination interdit, marqué par des violences policières.
L'Union européenne avait refusé de s'immiscer dans une affaire intérieure.
Le 27 octobre, 70 députés catalans sur 135 ont finalement proclamé une "République catalane" restée sans effet.
Depuis, le gouvernement central a pris le contrôle de la région, destitué le gouvernement, dissous le parlement pour convoquer ces élections.
Le parti de M. Rajoy - qui n'avait recueilli que 8,5% des voix aux élections régionales de 2015 - se vante désormais d'avoir "décapité" l'indépendantisme catalan.
Alors que la campagne était close, M. Rajoy a profité mercredi d'un dîner de Noël de sa formation pour se féliciter d'avoir fait usage en Catalogne d'un article de la Constitution jamais encore utilisé, permettant de suspendre l'autonomie d'une région.
"Dans tous les lieux d'Espagne, les gouvernants (...) savent désormais ce qui se passent quand ils font ce qu'on ne peut pas faire", a-t-il averti.
La Catalogne réclame depuis des années un plus grand pouvoir de décision et beaucoup d'électeurs avouent ne pas être des indépendantistes forcenés mais voter pour les sécessionnistes par allergie aux politiques de la droite.
"Nous devons gagner. Si c'est Ciudadanos, nous serons des vassaux de Madrid", affirme Marti Calix, étudiant de 21 ans et électeur de ERC.
Etudiante du même age, mais électrice de Ciudadanos, Assumpta Corell voudrait au contraire un changement de majorité, elle qui reproche aux indépendantistes d'avoir agi en ignorant la partie des habitants opposés à l'indépendance comme s'ils n'étaient "pas de bons Catalans".
Les bureaux de vote fermeront à 20 heures, les premiers résultats ne sont attendus que vers 21 heures
Avec AFP