Le flux migratoire augmente aussi aux deux frontières terrestres de l'Union européenne au Maroc, sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, sur la côte.
Mercredi, des dizaines de migrants ont débarqué au milieu des baigneurs sur la plage andalouse de Zahara de los Atunes, proche de Cadix dans le sud de l'Espagne, après avoir franchi le détroit de Gibraltar. Sur une vidéo amateur, on les voit sauter d'un canot pneumatique pour remonter la plage en courant.
Le même jour, une douzaine de migrants ont été déposés par des passeurs en jet-ski dans les eaux territoriales de Ceuta, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tanger. L'un d'eux, un Guinéen de 28 ans, s'est noyé avant d'atteindre la plage, a indiqué la préfecture de la ville.
D'après un bilan au 6 août de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 8.183 migrants ont débarqué en Espagne depuis le début de l'année.
C'est plus du triple qu'à la même période de 2016 - quelque 2.500 - et plus que le total d'arrivées sur toute l'année dernière, a déclaré à l'AFP Joel Millman, porte-parole de l'OIM.
- Une route plus sûre -
Ces chiffres restent loin de ceux de l'Italie - avec plus de 96.400 migrants ont débarqué depuis le début de l'année par la mer - mais l'Espagne est en voie de rattraper la Grèce où 11.713 personnes sont arrivées par la mer sur la même période.
"L'Espagne pourrait dépasser la Grèce cette année. Ce serait un grand changement", a déclaré Joel Millman.
Les migrants, pour beaucoup venus d'Afrique de l'Ouest, semblent vouloir éviter la Libye, livrée aux milices. "Nous supposons que la route qui longe la côte pour remonter vers le Maroc est considérée comme plus sûre", a ajouté le porte-parole.
Mais depuis le début de l'année, 120 migrants sont morts en tentant la traversée vers l'Espagne, contre 128 pour l'ensemble de 2016, selon l'OIM.
Les tactiques des passeurs sont différentes. En Libye, ils embarquent leurs "clients" à 100 ou 150 par embarcation. "Ils semblent délibérément surcharger les bateaux, qui prennent l'eau tout de suite, et les passagers doivent s'efforcer d'obtenir de l'aide au plus vite", explique Joel Millman.
En revanche pour traverser les quelque 18 km du détroit de Gibraltar "la tactique est d'employer de plus petits bateaux dans l'espoir de déjouer la surveillance, et évidemment certains y parviennent".
- Femmes enceintes et enfants -
La Garde civile espagnole a retrouvé neuf mineurs parmi la trentaine de migrants qui ont débarqué sur la plage de Zahara de los Atunes, a déclaré à l'AFP un porte-parole, Manuel Gonzalez.
Ils n'avaient pas de papiers sur eux mais semblent être Marocains, a-t-il ajouté. Ils seront emmenés vers un centre d'accueil où ils pourront faire une demande d'asile.
Pour faire face à ce nouvel afflux de migrants, la Croix Rouge espagnole a renforcé le nombre de volontaires dans les principaux ports d'Andalousie où ils sont débarqués, ainsi qu'à Ceuta, a indiqué à l'AFP le responsable des urgences de l'organisation, Inigo Vila.
"Certains arrivent à bout de forces, parfois ils se sont perdus, ou ont perdu le moteur de l'embarcation, sont restés sans eau ni nourriture... Parfois ils sont brûlés par le soleil ou le carburant", dit-il. "90% d'entre eux sont des hommes de 18 à 40 ans originaires d'Afrique subsaharienne".
"On est toujours surpris de voir arriver des femmes enceintes ou des enfants - même s'il n'y en a pas beaucoup - risquant leur peau pour une vie meilleure".
Sur terre, des jeunes Africains s'élancent par centaines pour escalader les clôtures de barbelés de Ceuta et Melilla.
Lundi, 187 d'entre eux ont même forcé le poste-frontière de Ceuta en passant au sprint sous le nez des policiers débordés.
Au point que Ceuta a décidé de fermer un poste-frontière pendant une semaine pour réaffecter au contrôle de la clôture les agents qui contrôlent le transit des marchandises.
Avec AFP