Les socialistes espagnols pourraient former le nouveau cabinet en s’alliant avec le parti de gauche Podemos, à moins qu’ils ne décident de continuer à gouverner en minorité au parlement.
Avec près de 29% des voix, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) du président du gouvernement Pedro Sanchez a nettement augmenté sa représentation au Congrès des députés, la chambre basse du Parlement, remportant 123 sièges contre 84 dans l’assemblée sortante. Mais il reste loin de la majorité absolue, fixée à 176 sièges sur 350.
Son allié de la gauche anti-austérité, Podemos, aura 42 députés, si bien qu’il manquera encore 11 sièges pour atteindre le seuil de la majorité absolue.
Pedro Sanchez pourrait ainsi dépendre des nationalistes basques et aussi peut-être de partis indépendantistes catalans pour gouverner.
“Un gouvernement dominé par les socialistes et soutenu par Podemos semble l’issue la plus vraisemblable”, a déclaré l’agence de notation DBRS dans un rapport.
“Ce type de coalition nécessite le soutien parlementaire de formations plus petites”, ajoute l’agence de notation.
Dès dimanche soir, le chef de file de Podemos, Pablo Iglesias, confirmait que sa formation serait ravie de faire partie d’une coalition avec le PSOE.
Pedro Sanchez, lui, ne s’est pas encore prononcé.
Le chef du gouvernement n’a fait aucun commentaire à l’issue d’une réunion de la direction socialiste qui s’est tenue lundi après-midi.
La vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, a quant à elle déclaré dans une interview à la radio Cadena Ser que les socialistes “essaieront de gouverner seuls”. “Nous avons bien assez de voix pour conduire le navire selon le cap qu’il doit suivre”, a-t-elle dit.
“J’évalue à 90% ou plus la possibilité de voir se former un gouvernement entre PSOE et Podemos, mais les chances de le voir adopter un budget sont de 40/60”, déclare Javier Diaz-Gimenez, professeur d’économie à l’école de commerce IESE.
Pedro Sanchez a une autre possibilité, s’allier avec les centristes de Ciudadanos, qui ont obtenu 57 sièges, profitant d’un effondrement du PP (Parti populaire, droite, qui en obtient seulement 66, soit son pire score depuis le début des années 1980).
Un accord de gouvernement entre le PSOE et Ciudadanos paraissait peu probable lundi : dès dimanche soir, en effet, le patron de la formation centriste, Albert Rivera, réaffirmait que son parti siégerait dans l’opposition à Pedro Sanchez.
LE PP PERD LA MOITIÉ DE SES SIÈGES
Ines Arrimadas, chef de Ciudadanos pour la Catalogne, renchérissait lundi: “Ceux qui ont voté pour Ciudadanos l’ont fait en sachant que nous ne nous allierions pas à Sanchez.”
Quelle que soit la combinaison qui se profile, les négociations sur la formation du prochain gouvernement prendront des semaines, peut-être même des mois, d’autant plus que d’autres élections, locales et régionales, sont prévues le 26 mai, parallèlement aux élections européennes, ce qui risque de retarder les tractations gouvernementales.
En vertu du code électoral espagnol, le nouveau gouvernement a besoin, au premier tour de scrutin au parlement, d’obtenir une majorité absolue pour pouvoir entrer en fonctions.
Pour cela, les socialistes et Podemos auront besoin du soutien d’au moins un député du camp indépendantiste catalan.
Lors d’un deuxième tour au parlement, Pedro Sanchez n’aura besoin que d’une majorité simple, ce que le PSOE et Podemos pourraient obtenir avec le soutien de l’ensemble des formations régionalistes à l’exception des Catalans, plus une abstention.
Le grand perdant des législatives de dimanche, les troisièmes à se tenir en Espagne en quatre ans, est le Parti populaire, qui a perdu la moitié de ses sièges, nombre d’électeurs lui préférant la formation d’extrême droite Vox, laquelle contrôle 24 sièges et fait son entrée au parlement national, même si c’est avec un total d’élus inférieur à ce qu’elle espérait pour peser sur la formation du futur gouvernement.
C’est la première fois depuis la mort de Franco en 1975 qu’une formation d’extrême droite dispose d’une représentation aussi conséquente au parlement.
“Il est clair que la fragmentation de la droite a nui d’abord au Parti populaire, qui paie le prix de ses scandales de corruption”, relève Enrique Quemada, directeur de la banque d’investissement ONEtoONE.
Ensemble, Ciudadanos, Vox et le PP totalisent 147 sièges, soit près de 20 de moins que le total de la gauche.
Avec Reuters