Pourtant féru des médias locaux, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun, n’a pas souhaité réagir au sujet de l’opinion camerounaise sur son pays.
Pour la célébration de la fête nationale américaine, les caméras et micros des journalistes n’ont pas été autorisés dans la salle où s’est tenue, une réception offerte par le diplomate américain à Yaoundé.
"Il faut que la tension baisse", a fait savoir sous anonymat à VOA Afrique, un responsable de l’ambassade américaine à Yaoundé.
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Au sein de l’opinion publique camerounaise, les prises de position américaine au Cameroun sont encore perçues comme une ingérence.
"Lorsqu’un ambassadeur vient demander à un chef d’Etat, de se retirer du pouvoir, ou bien de penser à son avenir politique, c’est une façon de s’ingérer dans les affaires du Cameroun ", soutient d’un ton ferme, Marcel, cadre dans une entreprise privée à Yaoundé.
Un avis que partage Alfred, un jeune fonctionnaire camerounais rencontré par VOA Afrique.
"Nous sommes dans la mondialisation, il n’y a pas de leçons à donner à un pays tiers. Pour moi, l’ambassadeur américain au Cameroun sort quelque peu du cadre diplomatique", pense t-il.
Face aux membres du gouvernement camerounais, et un parterre d’invités, le 3 juillet, Peter Henry Barlerin, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun a cependant rappelé, sous un ton d’humeur.
"Nous ne sommes obligés de partager les mêmes points de vue."
Au sujet des droits de l’homme au Cameroun, le diplomate américain a exprimé, le souhait que "les violences contre les jeunes prennent fin dans les deux zones anglophones du Cameroun".
Les signes de froideur diplomatique entre Washington et Yaoundé sont apparus dès le mois de mai dernier.
Lorsqu’au sortir d’une audience le 17 mai 2018, avec le président du Cameroun, Paul Biya, l’ambassadeur des États-Unis a critiqué l’armée camerounaise de commettre "des assassinats ciblés dans les régions anglophones du Cameroun".
En plus, le représentant de Donald Trump à Yaoundé, a aussi cru bon de suggérer au Président Paul Biya de penser à entrer dans l’histoire.
Deux points saillants de l’entretien avec le président du camerounais, que les services de presse de l’ambassade américaine à Yaoundé, ont pris soin d’en faire une large diffusion.
Quatre jours plus tard, cette initiative a valu à Peter Henry Barlerin, une convocation par le ministre délégué à la présidence de la république chargé des relations extérieures.
"Le ministre des relations extérieures a fait part à l'ambassadeur des Etats-Unis de la vive désapprobation du gouvernement camerounais après sa démarche qui viole tous les usages diplomatiques en la matière, ainsi que les règles de civilité et de droit, tant dans la forme que dans le fond", a indiqué le communiqué rendu public à cet effet par les autorités camerounaises.
"Ce que l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun a dit, a toujours été ressassé par les Camerounais eux-mêmes. Le chef de l’Etat du Cameroun a un certain âge. Il doit penser à sa succession. Qu’on critique Peter Henry Barlerin, de lui avoir suggéré est insensé, finalement les Camerounais ne veulent pas s’assumer", a commenté, M. Mbogne, membre de la société civile.
L’intérêt des Américains sur les questions de respect des droits de l’homme au Cameroun, reçoit également l’assentiment de certains Camerounais.
"Quand l’ambassadeur dit que les séparatistes anglophones et les soldats camerounais ont commis des crimes graves, ce n’est pas un secret. Nous voyons des tortures, des procès inéquitables. Comment peut-on en faire un problème ? Aujourd’hui, nous sommes fiers du rôle que joue cet ambassadeur au Cameroun et nous appelons les autres à en faire autant" a confié à VOA Afrique, Maximilienne Ngo Mbe, défenseur des droits de l’homme.
Malgré les divergences, les États-Unis restent au côté du Cameroun dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.
Les États-Unis ont fait don de deux avions de surveillance Cessna, de fabrication américaine à l’armée camerounaise en mai dernier (coût du don : 4,3 millions de dollars).