Le prisonnier âgé de 48 ans clame depuis bientôt deux décennies son innocence. Ses avocats, qui crient également à l'erreur judiciaire, ont lancé un recours de la dernière chance devant la Cour suprême à Washington.
Si ce recours est rejeté, le détenu recevra une injection létale à 18 heures (23 heures GMT).
Pour les procureurs du Missouri, Etat au coeur du Midwest américain, l'affaire est claire: ayant l'intention de perpétrer un cambriolage, Williams est entré par effraction au domicile de Felicia Gayle, en banlieue de Saint-Louis.
Il a alors surpris la femme de 42 ans sortant de sa douche. Celle-ci s'est défendue et il lui a porté 43 coups de couteau.
Selon l'acte d'accusation, la police a retrouvé dans le coffre d'une voiture, que conduisait à l'époque Marcellus Williams, des effets personnels de la victime, dont une calculatrice et une règle qu'elle utilisait quand elle travaillait au journal Saint-Louis Post-Dispatch.
A son procès en 2001, le suspect avait été condamné d'abord et surtout sur la base de deux témoignages l'accusant du meurtre, émanant d'un détenu ayant partagé sa cellule et d'une de ses ex-compagnes, Laura Asaro.
Témoignages rétribués
Pour les défenseurs du condamné, ces témoignages recueillis auprès de personnes au passé trouble n'ont aucune valeur, d'autant plus que les deux intéressés ont selon eux été rétribués financièrement par le bureau du procureur.
Plus grave, disent-ils, une récente analyse ADN réalisée sur l'arme du crime a permis de développer un profil masculin qui ne correspond pas à celui de Marcellus Williams.
"Pas une seule preuve matérielle n'a été présentée (au procès) et aujourd'hui il existe une preuve matérielle qui l'innocente complètement", a déclaré à l'AFP Kent Gipson, l'avocat du condamné.
Des échantillons capillaires prélevés sur le théâtre du crime sont également différents de ceux du condamné, ainsi que des empreintes de chaussures.
"L'ADN est irréfutable, il ne peut pas se tromper, tandis qu'un témoin oculaire peut se fourvoyer, un indic en prison peut mentir, ce que nous affirmons en l'espèce. Quant aux éléments de preuve indirects, ils peuvent s'expliquer de façon simple", a poursuivi l'avocat.
La nouvelle analyse ADN a été balayée par l'Etat du Missouri, qui a affirmé accorder davantage de crédit aux témoignages, une posture jugée "surréaliste" par M. Gipson.
Quant aux objets retrouvés "un an après" par la police, l'avocat en atténue la portée: M. Williams côtoyait des marginaux et des petits délinquants chez qui l'échange du fruit de cambriolages est courant, a-t-il expliqué.
La voiture dans le coffre duquel ont été retrouvés des effets de Mme Gayle n'était selon lui qu'une épave, au coffre forcé, où d'ailleurs Laura Asaro avait l'habitude de dormir.
11 Blancs dans le jury
Pour la NAACP, première organisation de défense des Noirs américains, l'affaire Marcellus Williams regroupe "tous" les travers souvent constatés dans les condamnations pénales des Noirs: "l'injustice raciale, les disparités dans la défense et la sentence, les fautes des procureurs".
L'accusé avait été condamné par un jury composé de 11 Blancs et un Noir, après que six jurés noirs eurent été écartés lors d'un processus de récusation controversé.
Dans le Missouri, un accusé a 14 fois plus de chances d'être condamné à la peine capitale quand la victime est une femme blanche.
Constatant le "manque de preuves solides" contre Williams, Amnesty International a exhorté l'Etat du Missouri à ne pas l'exécuter.
Les soutiens de Marcellus Williams espèrent aussi, sans vraiment y croire, un geste de clémence du gouverneur républicain du Missouri, Eric Greitens, un ancien soldat d'élite en Irak qui se dit "Pro Life", c'est-à-dire opposé à l'avortement.
"Gouverneur Eric Greitens: arrêtez cette exécution. Ne tuez pas un innocent", a de son côté imploré Helen Prejean, une religieuse catholique connue pour son combat contre la peine de mort.
Avec AFP