Le deuxième débat des primaires démocrates aux Etats-Unis a commencé, samedi 14 novembre à Des Moines (Iowa, centre du pays), par de longs échanges sur les attentats de Paris et la stratégie américaine en Syrie. Les candidats devaient initialement s’affronter uniquement sur l’économie.
Une minute de silence pour honorer les victimes de Paris a marqué le début de la soirée qui opposait Hillary Clinton, le sénateur Bernie Sanders et l'ancien maire de Baltimore Martin O'Malley.
"Nous devons être résolus pour unir le monde et détruire l'idéologie jihadiste radicale qui anime des organisations comme l'EI, un groupe terroriste violent, barbare, sans pitié", a déclaré d'emblée Hillary Clinton, la favorite de l'investiture. "Dans cette élection, il ne s'agit pas seulement d'élire un président, mais de choisir aussi un commandant en chef."
Qualifiant le groupe Etat islamique (EI) de principale menace terroriste internationale, l'ex-secrétaire d'Etat de Barack Obama a martelé que l'organisation ne pouvait pas "être endiguée. Elle doit être vaincue".
"Nous ne sommes pas en guerre contre l'islam", a-t-elle aussi dit, refusant comme le président Barack Obama d'utiliser la terminologie d'"islam radical" employée par les républicains aux Etats-Unis. "Nous sommes en guerre contre l'extrémisme violent, nous sommes en guerre contre ceux qui utilisent leur religion dans un but de pouvoir et d’oppression."
"Mais cela ne peut pas être un combat américain, bien que le leadership américain soit essentiel", a poursuivi Hillary Clinton.
Son principal rival, le "socialiste démocrate" Bernie Sanders, a répliqué que les Etats-Unis avaient une part de responsabilité dans la naissance de l'EI, à cause de l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Une attaque directe contre Hillary Clinton qui avait voté pour autoriser le président George W. Bush à user de la force contre l'Irak de Saddam Hussein.
"L'invasion désastreuse de l'Irak, à laquelle j'étais fermement opposé, a complètement déstabilisé la région et conduit à la montée d’Al-Qaïda et de (l’organisation de) l’EI", a déclaré Bernie Sanders.
Sanders : la menace n°1, c’est le réchauffement climatique
Mais le sénateur a estimé que la menace numéro une contre la sécurité nationale des Etats-Unis restait le réchauffement climatique. "Le changement climatique est directement lié à la croissance du terrorisme", a-t-il dit.
Les trois candidats sur scène se sont redits favorables à l'accueil de réfugiés fuyant le conflit syrien, mais ont insisté sur les précautions à prendre pour empêcher d'éventuelles infiltrations.
Hillary Clinton souhaite que 65 000 réfugiés arrivent aux Etats-Unis, au lieu des 10 000 annoncés par l'administration Obama, "mais seulement si nous avons un processus de vérification et de contrôle".
Les liens d'Hillary Clinton avec Wall Street ont plus tard provoqué l'échange le plus vif du débat, par ailleurs fort civil.
Bernie Sanders a rappelé qu'elle avait reçu dans sa longue carrière politique, et notamment de sénatrice de New York, des millions de dollars de dons de la part de banquiers. "Ne soyons pas naïfs, a-t-il dit. Ils s'attendent à recevoir quelque chose en échange."
"Attendez une minute, il a utilisé sa réponse pour porter atteinte à mon intégrité", a répondu Hillary Clinton, qui s'est ensuite défendue maladroitement en citant le 11-Septembre et ses efforts pour aider à la relance du quartier du World Trade Center de Manhattan, où se situe Wall Street.
"Wall Street a un énorme pouvoir économique et politique. Leur modèle économique, c'est la cupidité et la fraude", a lâché Bernie Sanders.
Malgré cet accrochage et d'autres, le débat ne semblait pas devoir bouleverser la course, Hillary Clinton ayant profité des questions de sécurité nationale pour rappeler sa longue expérience dans les cercles du pouvoir.
Le prochain débat démocrate aura lieu le 19 décembre. Les primaires, elles, commenceront le 1er février 2016.
Avec AFP