"Nous avons abordé très franchement cette question et nous avons dit clairement (...) qu'il y a des preuves que l'Etat islamique en Irak et en Syrie a des contacts avec quelque huit entités différentes de par le monde, dont une en Asie du Sud", a déclaré le chef de la diplomatie américaine après des entretiens avec la Première ministre Sheikh Hasina.
"Ils ont un lien à un certain degré avec certains agents ici et nous l'avons dit de manière claire lors de notre conversation. C'est incontestable", a encore dit M. Kerry.
L'EI avait revendiqué la prise d'otage sanglante dans un café de la capitale qui a fait le 1er juillet 22 morts dont 18 étrangers. Le groupe extrémiste avait publié des photos du carnage avant l'assaut de la police.
Mais les autorités du Bangladesh ne cessent de nier la présence de tout groupe jihadiste international dans le pays, et rejettent la responsabilité des récents attentats sur le groupe islamiste local Jamayetul Mujahideen Bangladesh (JMB).
Le chef de la diplomatie américaine a cependant défendu la Première ministre accusée par l'opposition d'être dans le déni pour mieux diaboliser sa propre opposition
"Je ne crois pas que le gouvernement bangladais fasse l'autruche", a-t-il affirmé.
Le secrétaire d'Etat a répété que les Etats-Unis étaient des alliés de Dacca dans sa lutte contre les islamistes combattants.
"Le ministre des Affaires étrangères (Mahmood Ali) et la Première ministre ont clairement exprimé le désir de coopérer très très étroitement avec nous", a-t-il ajouté.
Le Bangladesh est un pays endeuillé par des dizaines d'assassinats ciblés de membres de minorités religieuses, d'intellectuels ou encore de défenseurs de la laïcité.
Ce sont d'ailleurs les questions de sécurité et de coopération dans le renseignement qui ont dominé la journée de visite du secrétaire d'Etat.
- La démocratie comme bouclier -
Mais celui-ci a souligné l'importance de la défense de la démocratie dans la lutte contre le terrorisme.
"Pour vaincre les terroristes nous devons renforcer et non trahir les principes démocratiques que nous chérissons et qu'ils abhorrent", a-t-il déclaré après des entretiens avec des responsables syndicaux.
"La démocratie fournit le programme le plus résistant et le plus fiable pour empêcher et répondre à l'extrémisme violent", a-t-il ajouté.
Quelques heures avant l'arrivée de M. Kerry, les forces de sécurité ont abattu deux membres présumés du JMB dans une fusillade à Sherpur, dans le nord du pays, a indiqué à l'AFP Gaziur Rahman, porte-parole de la police.
"Leur décès a été constaté à leur arrivée à l'hôpital", a-t-il dit.
Depuis la prise d'otages, au moins 26 militants présumés ont été tués dans une série de raids et de perquisitions.
Samedi, deux jours avant l'arrivée de John Kerry, la police avait annoncé avoir abattu près de Dacca trois jihadistes, dont le cerveau présumé de la prise d'otages sanglante du café de Dacca.
Le 1er juillet, au moins cinq hommes avaient pris d'assaut le restaurant Holey Artisan Bakery, dans le quartier huppé de Gulshan, massacrant 20 otages, en majorité des Italiens et des Japonais.
Tamim Chowdhury, qui possédait la double nationalité canadienne et bangladaise, était recherché depuis l'attaque de Dacca et les autorités avaient offert une récompense de 25.000 dollars pour toute information permettant de le retrouver.
D'après la police, Tamim Chowdhury était le chef du groupe islamiste local Jamayetul Mujahideen Bangladesh (JMB), une organisation interdite et accusée du meurtre de dizaines d'étrangers ou de membres de minorités religieuses.
Le Bangladesh a en outre été secoué par des attaques meurtrières commises par des extrémistes. Environ 80 personnes -membres de minorités religieuses, étrangers, intellectuels et défenseurs de la laïcité- ont été tuées à coups de machettes depuis 2013.
Avec AFP