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Ethiopie: 8.500 Tigréens détenus illégalement dans des camps


Un homme marche devant un entrepôt qui a été utilisé comme centre de détention pour des centaines de Tigréens, dans le quartier de Gotera à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 17 février 2022.
Un homme marche devant un entrepôt qui a été utilisé comme centre de détention pour des centaines de Tigréens, dans le quartier de Gotera à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 17 février 2022.

La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC), organisme officiel, a exigé mercredi la libération immédiate de 8.560 Ethiopiens originaires du Tigré, région en conflit avec le gouvernement fédéral, détenus depuis six mois dans deux camps "sans base légale et de manière discriminatoire".

Selon l'EHRC, institution publique mais statutairement indépendante, ces personnes - hommes, femmes et enfants - sont retenues depuis décembre dans deux camps à Semera, capitale de la région de l'Afar voisine du Tigré, les familles étant séparées, hommes et femmes n'étant pas détenus ensemble.

Ces individus "ont fait l'objet d'arrestations arbitraires et illégales basées sur leur appartenance ethnique (...) et devraient donc être relâchés immédiatement", a déclaré le chef de la Commission, Daniel Bekele, dans un communiqué.

Ces arrestations ont été menées dans les districts d'Abala, Konaba et Berhale, frontaliers du Tigré, "à l'initiative des responsables sécuritaires de la région Afar, en collaboration avec les responsables civils locaux" des divers échelons administratifs, selon l'EHRC: "les Tigréens ont été d'abord triés puis transportés en véhicules" jusqu'aux camps.

Les responsables de la région Afar ont affirmé "restreindre les mouvements des individus pour leur propre sécurité ainsi que pour effectuer un filtrage de ceux soupçonnés de crimes ou représentant un risque pour la sécurité", selon l'EHRC, à qui les personnes retenues ont affirmé l'être "contre leur gré".

Plusieurs personnes sont mortes de maladie, car les soins médicaux et l'aide humanitaire dans les camps sont très limités et il est interdit à ceux qui y sont retenus de se rendre dans un établissement de santé, sauf pour accoucher, a souligné la Commission.

"Cette situation n'a aucune base légale, en plus de soumettre ceux vivant dans les camps à de multiples violations des droits humains, elle doit donc cesser immédiatement et sans préconditions", a exigé M. Bekele.

"Si certains veulent rester dans les camps jusqu'à leur retour chez eux, cela doit être de leur plein gré et sans restrictions à leurs mouvements" et toute l'aide nécessaire doit leur être apportée ainsi qu'à ceux désirant rentrer chez eux ou aller ailleurs, a-t-il ajouté.

"Quant à ceux raisonnablement soupçonnés d'infractions", ils ne peuvent être détenus que "via une procédure pénale régulière et uniquement sur la base d'une décision de justice", a rappelé le patron de l'EHRC.

Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020 quand Abiy Ahmed y a envoyé l'armée fédérale déloger les dirigeants de la région - issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) - qui contestaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases de l'armée fédérale sur place.

Le conflit a ensuite débordé courant 2021 dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, après que le TPLF a repris le contrôle de la quasi-totalité du Tigré.

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