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Ethiopie: au moins 140 personnes tuées dans la répression de manifestations selon HRW


Des proches pleurent lors des funérailles de Dinka Chala, un enseignant de l'école primaire dont les membres de famille ont été abattus par les forces militaires lors d'une manifestation récente, dans la ville de Holonkomi, dans la région d'Oromiya en Ethiopie, 17 décembre 2015.
Des proches pleurent lors des funérailles de Dinka Chala, un enseignant de l'école primaire dont les membres de famille ont été abattus par les forces militaires lors d'une manifestation récente, dans la ville de Holonkomi, dans la région d'Oromiya en Ethiopie, 17 décembre 2015.

"Les manifestations généralement pacifiques ont été déclenchées par les craintes que le projet d'expansion chasse les fermiers oromo de leurs terres, un nouveau grief des Oromos contre le gouvernement qui s'ajoute à une liste déjà longue", a expliqué Felix Horne de HRW.

Au moins 140 personnes ont été tuées en Ethiopie ces deux derniers mois au cours de la brutale répression de manifestations antigouvernementales, déclenchées par des craintes d'expropriations liées à un projet d'agrandissement de la capitale Addis Abeba, a rapporté vendredi Human Rights Watch (HRW).

"Les forces de sécurité ont tué au moins 140 manifestants et en ont blessé de nombreux autres, selon des militants, ce qui pourrait être la plus importante crise en Ethiopie depuis les violences liées aux élections de 2005", écrit Felix Horne, chercheur à HRW, dans un texte publié sur le site de l'organisation.

La contestation post-électorale en 2005 avait fait environ 200 morts.

Ce nouveau bilan est pratiquement le double de celui de 75 morts donné le 19 décembre par l'ONG de défense des droits de l'Homme basée aux Etats-Unis. Le gouvernement éthiopien, dont le bilan officiel des manifestations fait état de 5 morts, n'a pas immédiatement réagi. Addis Abeba accuse les manifestants d'être responsables des violences.

Les manifestations ont commencé en novembre, à l'initiative d'étudiants protestant contre un projet d'agrandissement programmé de la capitale Addis Abeba, suscitant des craintes d'expropriation de terres ancestrales du peuple oromo - le plus important groupe ethnique -, qui s'étendent de l'est au sud-ouest du pays.

"Les manifestations généralement pacifiques ont été déclenchées par les craintes que le projet d'expansion chasse les fermiers oromo de leurs terres, un nouveau grief des Oromos contre le gouvernement qui s'ajoute à une liste déjà longue", a expliqué Felix Horne.

M. Horne craint une escalade de la crise avec l'arrestation le 23 décembre de Bekele Gerba, 54 ans, vice-président du Congrès fédéraliste oromo (OFC), principal parti enregistré de la région Oromia. M. Bekele a passé quatre ans en prison après avoir été déclaré coupable en 2011 d'appartenance au Front de libération oromo (OLF), un groupe armé interdit.

"En usant d'une main de fer tant contre les hommes politiques d'opposition que contre les manifestants pacifiques, le gouvernement ferme la porte à la possibilité pour les Ethiopiens d'exprimer de façon non violente des revendications légitimes", s'inquiète M. Horne. "C'est une voie dangereuse qui pourrait mettre en danger la stabilité à long terme de l'Ethiopie".

Forte de 27 millions d'habitants, l'Oromia est également la région éthiopienne la plus peuplée. Elle a sa propre langue, l'oromo, distincte de l'amharique, langue du peuple amhara et de l'administration.


Avec AFP

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