Plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées sur les bords d'un lac sacré pour assister à la cérémonie de l'Irreecha qui marque la fin de la saison des pluies, selon ce photographe.
De nombreux participants brandissaient leurs bras croisés au dessus de la tête, un geste devenu le symbole de la contestation des Oromo face aux autorités éthiopiennes.
La cérémonie a rapidement dégénéré. Les manifestants ont lancé des pierres et des bouteilles sur les forces de sécurité, qui ont riposté d'abord à coups de bâton, puis avec des gaz lacrymogènes.
Les tirs de gaz lacrymogènes ont provoqué un mouvement de panique. Au moins une cinquantaine de personnes sont tombées les unes sur les autres dans un fossé à proximité, selon le photographe de l'AFP.
Celui-ci a dénombré entre 15 et 20 corps inanimés. Certaines des personnes étaient d'après lui décédées, mais il n'a pu affirmer avec certitude combien. La police l'a ensuite obligé à quitter les lieux.
Des cartouches de balles en caoutchouc ont également été retrouvées sur place, selon la même source.
"Ce gouvernement est une dictature. Il n'y a pas d'égalité, ni de liberté d'expression. Il n'y a que le TPLF", a déclaré à l'AFP Mohamed Jafar, un des manifestants, en référence au Front de libération du peuple du Tigré.
Le TPLF avait renversé la dictature communiste de Mengistu Haile Mariam en 1991 et est aujourd'hui accusé de monopoliser les postes-clés au sein du pouvoir.
"C'est pourquoi nous devons manifester aujourd'hui", a ajouté Mohamed Jafar.
Le festival Irreecha rassemble chaque année des centaines de milliers, voir des millions de personnes de toute la région oromo, sur les rives du lac Harsadi, considéré par les Oromo comme un lac sacré.
L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé en région oromo (centre et ouest) au mois de novembre 2015 et qui s'est étendu depuis l'été à la région amhara (nord).
Ces deux ethnies représentent environ 60% de la population éthiopienne et contestent de plus en plus ouvertement ce qu'ils perçoivent comme une domination sans partage de la minorité des Tigréens, issus du nord du pays, qui occupent les postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité.
Avec AFP