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Le gouvernement éthiopien décrète une "trêve humanitaire illimitée"


La trêve est "effective immédiatement", assure le gouvernement.
La trêve est "effective immédiatement", assure le gouvernement.

Le gouvernement éthiopien a décrété jeudi une "trêve humanitaire illimitée" dans son conflit avec les rebelles du Tigré, pour permettre "la libre circulation de l'aide humanitaire vers ceux ayant besoin d'assistance" dans cette région de l'extrême-nord du pays, menacée de famine.

La trêve est "effective immédiatement", indique le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed dans un communiqué, expliquant sa décision par "la nécessité de prendre des mesures extraordinaires pour sauver des vies".

Toutefois, "l'engagement pris par le gouvernement d'Ethiopie ne pourra avoir l'effet désiré (...) que si l'autre partie en fait autant", poursuit-il, appelant les rebelles tigréens à "s'abstenir de tout nouvel acte d'agression et à se retirer des zones qu'ils occupent dans les régions voisines du Tigré". Les rebelles tigréens n'ont pas réagi dans l'immédiat à cette annonce.

Forces progouvernementales et rebelles du Tigré s'affrontent dans le nord de l'Ethiopie depuis qu'en novembre 2020 Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix l'année précédente, a envoyé l'armée fédérale déloger les autorités de la région, gouvernée alors par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF) qui contestait son autorité depuis des mois.

Rapidement défaites, les troupes rebelles du TPLF ont ensuite, courant 2021, repris militairement le Tigré et le conflit s'est depuis propagé aux régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.

Le Royaume-Uni et le Canada ont salué l'annonce de cette trêve, appelant toutes les parties à la respecter. "Le Royaume-Uni se félicite de la décision du gouvernement éthiopien d'annoncer une trêve humanitaire d'une durée indéterminée et de garantir un accès sans entrave de l'aide au Tigré. Nous appelons les autorités tigréennes à faire de même", a déclaré l'ambassade britannique en Ethiopie sur Twitter.

L'ambassade du Canada en Ethiopie et à Djibouti a salué "une bonne nouvelle, car l'aide est nécessaire de toute urgence dans le nord de l'Ethiopie." Les diplomates étrangers menés par Olusegun Obasanjo, l'envoyé spécial de l'Union africaine pour la Corne de l'Afrique, tentent depuis des mois d'obtenir des pourparlers de paix, avec peu de progrès visibles.

"Ouvrir la voie au dialogue"

"L'acheminement inconditionnel et sans restriction de l'aide pourrait également contribuer à créer suffisamment de confiance pour ouvrir la voie à des pourparlers de cessez-le-feu et, finalement, au dialogue", estime William Davison, analyste principal de l'International Crisis Group pour l'Éthiopie.

Les bientôt 17 mois de conflit, marqué par de multiples exactions, ont provoqué une grave crise humanitaire dans le nord de l'Ethiopie, où plus de neuf millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU.

Au Tigré, le PAM estimait en janvier que 4,6 millions de personnes, soit 83% des quelque six millions d'habitants de la région, étaient en situation "d'insécurité alimentaire", tandis que deux millions souffraient d'une "pénurie extrême de nourriture". Depuis mi-février, les opérations humanitaires au Tigré - où plus de 400.000 personnes ont été déplacées par le conflit - sont quasiment interrompues par les pénuries de carburant et de liquidités, selon l'ONU.

Aucun convoi d'aide n'a pu entrer au Tigré depuis le 15 décembre, en raison de combats dans la région de l'Afar, qui empêchent leur passage sur la seule voie terrestre opérationnelle, entre Semera, capitale de l'Afar, et Mekele, capitale du Tigré. L'ONU a longtemps dénoncé un "blocus humanitaire de fait" du Tigré, dont le gouvernement et les rebelles se sont rejetés mutuellement la responsabilité.

Dans son communiqué, le gouvernement éthiopien a espéré que la trêve "ouvrira la voie à la résolution du conflit dans le nord de l'Ethiopie, sans bain de sang supplémentaire". Il a appelé "la communauté internationale à redoubler ses généreuses contributions pour soulager la situation", assurant vouloir coopérer avec les organisations concernées pour accélérer la fourniture d'aide humanitaire.

Le gouvernement éthiopien avait déjà décrété le 28 juin un cessez-le-feu unilatéral, quand les forces du TPLF entraient dans Mekele. Ce cessez-le-feu ne courait que "jusqu'à la fin de la saison des cultures". Les combats avaient ensuite repris, les rebelles du TPLF avançant en Amhara et en Afar, jusqu'à affirmer se trouver à 200 km d'Addis Abeba.

Ils s'étaient repliés au Tigré fin décembre, après une contre-offensive de l'armée éthiopienne qui avait indiqué qu'elle n'entrerait pas dans la région. Ce repli avait suscité l'espoir de voir s'ouvrir des négociations, vite douché quand le TPLF avait annoncé reprendre les combats en Afar fin janvier.

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