Pour les autorités éthiopiennes, le bilan officiel de ces manifestations est de 173 morts, dont 28 policiers et officiels.
HRW accuse le gouvernement d'avoir mené une "répression brutale" contre des manifestants "généralement pacifiques" et assure avoir documenté l'usage répété par les forces de sécurité éthiopiennes de tirs à balles réelles.
L'organisation de défense des droits de l'Homme affirme avoir identifié par leurs noms plus de 300 personnes tuées, pour la plupart des étudiants.
"Les forces de sécurité éthiopiennes ont tiré et tué des centaines d'étudiants, de fermiers et de manifestants pacifiques avec un dédain complet pour la vie humaine", a commenté Leslie Lefkow, directrice adjointe Afrique chez Human Rights Watch.
Le rapport de 61 pages fait également état de "dizaines de milliers d'arrestations" et évoque des cas de tortures et de viols.
De son côté, un rapport de la Commission des droits de l'Homme, un organe gouvernemental, récemment adopté par le Parlement, pointe des cas isolés de "recours excessif à la force".
"Dans l'ensemble, les forces de sécurité se sont comportées de manière très professionnelle et très responsable, mais il y a toujours quelques brebis galeuses", a réagi le porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Reda.
Le porte-parole a toutefois catégoriquement rejeté le nombre de plus de 400 victimes avancé par HRW, ne reconnaissant que les 173 morts, dont 28 policiers et officiels, évoqués par la Commission des droits de l'Homme.
Le Conseil éthiopien des droits de l'Homme (indépendant) a de son côté compilé une liste de 103 victimes dans un rapport daté du 14 mars, accusant les autorités éthiopiennes d'avoir eu recours à des exécutions extrajudiciaires.
"Le Conseil éthiopien des droits de l'Homme qui n'est pas un ami du gouvernement n'a enregistré que 103 noms (de victimes). Pourquoi pas plus? Tout simplement parce que ces noms n'existent pas (...) Human Rights Watch est très généreux avec les chiffres quand il s'agit de l'Ethiopie", a estimé Getachew Reda.
Les manifestations, violemment réprimées, ont commencé en novembre 2015 suite à un plan d'urbanisme controversé d'extension des limites municipales de la capitale Addis Abeba. Le plan avait suscité des craintes d'expropriation de fermiers oromos, le plus important groupe ethnique du pays.
Les Oromos se plaignent régulièrement de discriminations par le gouvernement éthiopien au profit de deux autres grands groupes ethniques, les Tigréens et les Amhara.
Le plan d'urbanisme a été abandonné en janvier sans que cela suffise à calmer les manifestants. Le premier ministre Hailemariam Desalegn s'est excusé en mars devant le Parlement pour n'avoir "pas suffisamment écouté les doléances du peuple", mais a rejeté la responsabilité des morts et des destructions sur la violence de certains manifestants.
Cette crise est la plus grave en Ethiopie depuis les violences post-électorales de 2005, qui avaient fait quelque 200 morts.
Avec AFP