Cette libération fait suite à la promesse, le 3 janvier, du Premier ministre Hailemariam Desalegn, de libérer un certain nombre d'hommes politiques.
"Le procureur général fédéral a aujourd'hui (jeudi) gracié 746 suspects et prisonniers, dont Eskinder Nega et Andualem Arage", a annoncé la radio-télévision Fana, proche du pouvoir.
"417 des prisonniers graciés avaient été emprisonnés pour des charges de terrorisme, d'incitation à la violence, d'extrémisme religieux ou autres", a précisé Fana.
Les prisonniers seront libérés après avoir participé à un "programme de réhabilitation", selon la même source.
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M. Andualem et Eskinder avaient été condamnés, respectivement à perpétuité et à 18 ans de prison, en 2012 dans le cadre de la législation antiterroriste éthiopienne.
Ils avaient été accusés d'être liés à un groupe d'opposition exilé aux États-Unis, Ginbot 7, considéré comme une organisation terroriste par le régime éthiopien.
La loi sur le terrorisme est régulièrement dénoncée comme trop vague par les organisations de défense des droits de l'Homme, selon qui les autorités éthiopiennes l'utilisent pour étouffer l'opposition politique et la liberté de la presse.
En 2013, les États-Unis s'étaient dits "profondément déçus" quand la Cour suprême fédérale avait confirmé la condamnation des deux hommes.
En l'annonçant, M. Hailemariam avait présenté la future amnistie de prisonniers comme une mesure destinée à "améliorer le consensus national".
Le principal détenu libéré depuis cette annonce était l'opposant Merera Gudina, président du Congrès fédéraliste oromo (OFC), emprisonné depuis 2016.
La décision de libérer ces hommes, ainsi que des discussions en cours avec certains partis d'opposition et la récente promesse de réformes, s'inscrivent dans un contexte difficile pour la coalition au pouvoir, au sein de laquelle des fractures sont apparues dernièrement.
La libération de M. Merera figurait parmi les demandes prioritaires des protestataires oromo, la principale ethnie du pays, qui avaient lancé en 2015 une vague de manifestations anti-gouvernementales sans précédent en 25 ans.
Ces manifestations, qui s'étaient ensuite étendues à la région amhara (nord), avaient été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme, liée au gouvernement.
Le calme - même si d'occasionnelles manifestations ont encore lieu dans la région oromo -, n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017.
Avec AFP