Cette nomination suggère que les autorités éthiopiennes entendent poursuivre leur programme de réformes, dans un contexte de montée des nationalismes régionaux, d'explosion des violences intercommunautaires et d'une ouverture mal maîtrisée de l'espace démocratique.
Le 22 juin, cinq hauts responsables, dont le chef d'état-major de l'armée éthiopienne et le président de la région amhara, ont été assassinés lors d'une tentative de coup d'Etat contre le gouvernement de la région amhara orchestré, selon les autorités, par un ethno-nationaliste ahara.
"Félicitations à Daniel Bekele (...), nommé commissaire de la Commission éthiopienne des droits de l'Homme par l'Assemblée", a indiqué le bureau du Premier ministre dans un tweet. "Des institutions indépendantes, crédibles et fortes jouent un rôle vital pour s'assurer d'une démocratie multipartite".
Dans un briefing en juin, Amnesty International avait estimé que cette commission, qui dépend du gouvernement, avait démontré "une partialité impudente vis-à-vis des victimes et une attitude dédaigneuse envers leurs plaintes".
Selon l'ONG, des réformes sont nécessaires pour atteindre les objectifs du Premier ministre réformateur Abiy Ahmed, qui a entrepris d'ouvrir l'espace démocratique, sur les questions des droits de l'Homme.
Daniel Bekele a passé plus de deux ans en prison après les élections générales de 2005, dont l'opposition avait affirmé qu'elles étaient truquées. Des manifestations antigouvernementales avaient été sévèrement réprimées et des opposants arrêtés.
M. Bekele avait dans ce cadre été accusé de conspiration et incitation à renverser le gouvernement. Après sa libération, il avait été nommé directeur Afrique de Human Rights Watch, et avait également travaillé pour Amnesty International.
Depuis son entrée en fonction en avril 2018, Abiy Ahmed a légalisé des groupes dissidents et fait progresser la liberté de la presse, notamment.