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L'Europe va-t-elle réussir à atterrir sur Mars ?


Suspense en vue! L'Europe va tenter de faire atterrir mercredi un module sur Mars, en pleine saison des tempêtes de poussières. Un exercice destiné à prouver sa capacité à déposer sain et sauf un engin sur la planète rouge treize ans après les mésaventures du petit Beagle 2.

Ce sera la première étape, technologique, d'ExoMars, une ambitieuse mission scientifique européano-russe en plusieurs volets, qui vise à rechercher des indices d'une vie actuelle et passée sur Mars.

Baptisé Schiaparelli, le petit atterrisseur "démonstrateur de technologie" sera largué dimanche par une sonde, TGO (Trace gas orbiter), à environ 175 millions de km de la Terre.

Si tout se passe bien, il doit se poser sur Mars trois jours après. Il est équipé d'une petite station météo mais sa vie ne durera que quelques jours car il fonctionne sur batterie uniquement.

"Notre but, c'est de montrer que nous pouvons nous poser à la surface (...) et enregistrer des données", souligne Mark McCaughrean, conseiller scientifique à l'ESA.

Simultanément, la sonde européano-russe se mettra en orbite autour de Mars avant de se mettre au travail début 2018.

Le rôle scientifique de TGO sera de "renifler" dans l'atmosphère des gaz à l'état de traces comme le méthane qui pourrait indiquer la présence d'une forme de vie actuelle sur la planète. "La sonde sera comme un grand nez dans l'espace", selon Jorge Vago, responsable scientifique d'ExoMars.

Le deuxième volet de la mission, désormais prévu en 2020, vise à faire atterrir un rover sur Mars. Il sera chargé de forer en profondeur le sol pour tenter de trouver des traces de vie passée.

TGO et l'atterrisseur, nommé Schiaparelli en honneur de l'astronome italien du XIXè siècle, ont été lancés il y a sept mois par une fusée russe Proton depuis Baïkonour (Kazakhstan). Le duo a parcouru depuis près de 500 millions de km.

Fin juillet, il a été mis sur une trajectoire de rencontre avec Mars. "Tout marche bien", déclare à l'AFP Michel Denis, directeur des opérations en vol d'ExoMars 2016.

- Neuf rétrofusées -

L'atterrissage sur Mars n'est pas chose facile et il pourrait être compliqué par la météo. La Nasa a prédit récemment que la planète rouge pourrait "très probablement" être frappée par une tempête de sable "globale" dans "les prochaines semaines ou mois" à venir.

"Nous savions que nous allions arriver pendant la saison des tempêtes de poussières et cela nous a amené à faire un design plus robuste pour Schiaparelli", dit à l'AFP Thierry Blancquaert, responsable de l'atterrisseur, qui se montre confiant.

Mais en cas de tempête, la caméra du module, qui doit prendre des images pendant la descente, risque de ne rien voir, reconnaît Michel Denis.

Jusqu'à présent, les Américains sont les seuls à avoir réussi à faire fonctionner des engins lancés sur Mars.

En ce qui concerne l'Europe, c'est la deuxième fois qu'elle tente de faire atterrir un module sur Mars.

Il y a treize ans, dans le cadre de la mission européenne Mars Express, les Britanniques avaient conçu un mini-atterrisseur baptisé Beagle 2. Largué par la sonde, il a bien atterri sur la planète mais il n'a jamais émis. Il a été localisé en 2015 grâce à des images de la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter.

"L'impact final a dû être trop fort", estime Michel Denis en rappelant que Beagle 2 était muni seulement d'airbags pour ralentir sa descente.

Pour Schiaparelli, l'Agence spatiale européenne (ESA), qui s'était peu impliquée dans Beagle 2, a voulu s'y prendre autrement.

Le design de Schiaparelli, qui pèse 577 kilos au départ, a été très étudié. C'est une capsule de 2m40 de diamètre qui ressemble un peu à "une piscine gonflable pour bébé", dit Michel Denis.

"La partie inférieure du module est protégée par une structure écrasable en aluminium destinée à amortir le choc final", explique Thierry Blancquaert.

L'atterrisseur a été équipé de plusieurs dispositifs de freinage successifs. Un bouclier thermique le protègera lors de son entrée dans l'atmosphère martienne. Puis un parachute s'ouvrira. Enfin neuf rétrofusées seront allumées à environ 1 km de la surface. Les moteurs seront coupés à 1 ou 2 mètres du sol.

"C'est pour atténuer l'impact et s'assurer que rien ne se casse sur la plateforme, que nous avons rajouté la structure écrasable", explique Thierry Blancquaert.

Schiaparelli doit se poser sur la plaine équatoriale de Meridiani Planum, sur laquelle a déjà atterri en 2004 le rover américain Opportunity.

Avec AFP

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