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Evacuations dans l'Est de l'Ukraine où l'étau se resserre


Une femme pleure à côté de ses enfants après avoir fui l'invasion russe de l'Ukraine, au poste frontière de Siret, en Roumanie, le 28 février 2022.
Une femme pleure à côté de ses enfants après avoir fui l'invasion russe de l'Ukraine, au poste frontière de Siret, en Roumanie, le 28 février 2022.

L'Est de l'Ukraine, désormais cible prioritaire du Kremlin, s'efforçait d'évacuer sa population civile, avant une nouvelle offensive russe attendue en dépit de nouvelles sanctions américaines "dévastatrices" contre Moscou.

"Nous avons réussi à évacuer plus de 1.200 personnes aujourd'hui" mercredi, a déclaré Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk (est), encore sous contrôle ukrainien.

Ce responsable a précisé que toutes ces évacuations avaient été faites en l'absence de tout cessez-le-feu et dans des conditions très difficiles en raison des bombardements intenses des forces russes.

"Je demande aux gens d'évacuer, parce que nous voyons clairement qu'avant de passer à l'offensive totale, l'ennemi va juste détruire complètement tous ces endroits", avait-t-il lancé dans une interview avec une télévision ukrainienne. "S'il-vous-plaît, partez" pendant qu'il en est encore temps.

Ces évacuations se font lors de brèves accalmies, ou sont rendues impossibles comme à Popasne, au sud de Sverodonetsk, où l'intensité des bombardements a empêché toute opération auprès des habitants de cette localité de la région de Lougansk, selon M. Gaïdaï.

"Nous n'avons nulle part où aller, ça fait des jours que c'est comme ça", a déploré auprès de l'AFP mercredi un habitant de Severodonetsk, Volodymyr, 38 ans, devant le spectacle d'un bâtiment en flammes. "Je ne sais pas pour qui est cette guerre, mais nous, nous sommes là sous les bombes..."

La vice-Première ministre Iryna Verechtchouk a également lancé depuis Kiev mercredi un appel aux habitants de l'est du pays à évacuer la région "immédiatement", en raison des craintes d'une offensive majeure de l'armée russe .

Il faut partir "maintenant" sous peine de "risquer la mort" dans les prochains jours, a-t-elle aussi insisté. Si l'armée russe lançait une attaque d'importance dans la région, "nous ne pourrions plus aider" la population, a-t-elle alerté.

- Un enfer -

Pavlo Kirilenko, gouverneur de la région de Donetsk encore sous contrôle ukrainien, a assuré mercredi que la population commençait à répondre aux appels d'évacuation. "Ils écoutent. La route (pour l'évacuation) est plus empruntée", a-t-il affirmé dans une vidéo postée sur sa page Facebook.

Les autorités ukrainiennes redoutent dans l'est du pays une situation analogue à celle de Marioupol dans le sud, où des milliers de personnes encore bloquées dans cette ville assiégée et bombardée depuis des semaines, vivent un enfer.

Un convoi de sept autobus et d'environ 40 véhicules privés sous protection du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est arrivé mercredi du sud-est de l'Ukraine à Zaporojie (sud), a constaté une journaliste de l'AFP.

"Ceux qui faisaient partie du convoi avaient réussi à fuir Marioupol", a expliqué la Croix-Rouge, dont l'une des équipes chargées d'aider à évacuer les civils avait été "retenue" lundi par la police dans une localité sous contrôle russe, contrainte ensuite de rebrousser chemin.

- "Pas d'eau, pas d'électricité" -

"Ces gens ont vraiment vécu le pire", a déclaré à l'AFP Lucile Marbeau, porte-parole du CICR.

"Nous entendons des gens dire qu'ils ont dû quitter Marioupol à pied. Là-bas, à Marioupol, il n'y a toujours pas de nourriture, pas d'eau, pas d'électricité".

"Il y a eu de très gros bombardements. C'est pourquoi nous avons été retardés", a raconté l'une des personnes évacuées, Iryna Nikolaïenko, qui a pu se frayer un chemin hors de cette cité portuaire pendant une pause dans les combats.

"Il y a une semaine, des estimations prudentes faisaient état d'un bilan de 5.000 morts", a écrit mercredi sur la messagerie Telegram le conseil municipal de Marioupol.

"Mais étant donné la taille de la ville, les destructions catastrophiques, la durée du blocus et la résistance acharnée, il pourrait y avoir des dizaines de milliers de victimes dans la population civile de Marioupol", a-t-il averti.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé mercredi la Russie de bloquer l'accès humanitaire à Marioupol pour dissimuler les "milliers" de victimes dans cette ville.

"Je pense que l'une des principales raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas faire entrer d'aide humanitaire dans Marioupol est que, tant que tout n'a pas été +nettoyé+ par les soldats russes, ils ont peur que le monde voie ce qu'il s'y passe", a déclaré M. Zelensky dans un entretien avec la chaîne de télévision turque Habertürk.

La Russie a été accusée de "crimes de guerre" après la découverte de dizaines de cadavres dans plusieurs localités près de Kiev, dont Boutcha, après le retrait des forces russes. Et des bilans tout aussi dramatiques pourraient émerger dans d'autres villes près de la capitale, comme à Borodianka, dont le ministre ukrainien de l'Intérieur, Denys Monastyrskyi, a dit qu'elle était "l'une des villes les plus détruites dans la région de Kiev".

"Ce qui se passe, ce n'est rien de moins que des crimes de guerre majeurs. Les nations responsables doivent s'unir pour que les responsables rendent des comptes", a dit mercredi le président américain Joe Biden à Washington, en promettant "d'étouffer pour des années" le développement économique de la Russie.

- "Dévastatrices" -

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie, qu'ils qualifient de "dévastatrices" et qui visent notamment les grandes banques et les filles du président russe Vladimir Poutine.

Selon Washington, la Russie pourrait voir son économie s'effondrer de quelque 15% cette année.

En plus d'interdire tous les nouveaux investissements en Russie, une mesure connue depuis mardi, l'exécutif américain va imposer les contraintes les plus sévères qui soient à l'incontournable banque publique Sberbank et à la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank.

Et en Europe, le président du Conseil européen Charles Michel a estimé mercredi que l'UE devrait "tôt ou tard" prendre des sanctions sur le pétrole et le gaz russes.

Plusieurs pays européens très dépendants du gaz russe, Allemagne en tête, sont toutefois très réticents à une telle mesure qui pénaliserait lourdement leurs économies.

Risque de défaut, effondrement du secteur automobile, inflation... Après des semaines de sanctions de plus en plus dures, l'économie russe commence à se fissurer, selon des données publiées mercredi.

Pour Timothy Ash, analyste de Blue Bay Asset, "Poutine appauvrit la Russie pour des années".

Pourtant, le conflit ne donne aucun signe d'affaiblissement et l'Otan s'attend à ce qu'il dure lontemps, "plusieurs mois voire des années", selon les déclarations de son secrétaire-général Jens Stoltenberg mercredi à Bruxelles, à l'ouverture d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'Alliance.

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