"Nous pensons que la Russie est responsable", a dit Nikki Haley, lors de cette session demandée en urgence par Londres. "Les Etats-Unis sont absolument solidaires du Royaume-Uni", a ajouté la diplomate, première voix américaine à accuser aussi clairement Moscou dans cette affaire.
Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, ont été retrouvés inconscients sur un banc le 4 mars à Salisbury (sud-ouest). Un policier a aussi été victime de l'empoisonnement commis au moyen d'un agent neurotoxique. Au centre de l'affaire, deux membres permanents du Conseil de sécurité, le Royaume-Uni où s'est déroulé l'empoisonnement, et la Russie, accusée d'en être responsable.
C'est Moscou qui a demandé que cette réunion soit publique alors que le Royaume-Uni la voulait à huis clos, a fait valoir Vassily Nebenzia. Relevant que l'ex-espion "ne représentait plus de menace" pour son pays, il a demandé à ses homologues de s'interroger pour savoir "à qui profite le crime", avant la tenue du Mondial de football dans son pays à l'été.
"Sans la fourniture de preuves irréfutables, nous n'avons pas à nous justifier", a asséné le diplomate russe, en déplorant que "la présomption d'innocence soit supplantée par la présomption de culpabilité". "Nous ne sommes pas impliqués, la Russie n'a rien à voir avec cet évènement", a insisté Vassily Nebenzia, en dénonçant une "guerre de propagande" pour "instrumentaliser l'opinion publique".
Londres a refusé un accès à des échantillons des produits chimiques incriminés, a poursuivi Vassily Nebenzia. "Nous n'acceptons pas qu'on s'adresse à nous sur ce ton", a-t-il précisé en jugeant "inacceptables" et "irresponsables" les accusations britanniques.
Alors que le représentant britannique, Jonathan Allen, avait réclamé à ses partenaires "d'être au côté" de son pays, plusieurs ambassadeurs ont fait part de leur soutien.
Sans dénoncer directement une responsabilité russe, le Français François Delattre a affirmé la "totale solidarité de la France" au Royaume-Uni. "Il ne peut y avoir d'impunité pour ceux qui ont recours aux armes chimiques", a renchéri son homologue polonaise Joanna Wronecka.
Plusieurs Etats membres ont demandé des "enquêtes impartiales et exhautives", comme la Chine, le Kazakhstan qui a aussi appelé à la "prudence avant de tirer des conclusions", l'Ethiopie qui veut "une enquête indépendante" ou la Bolivie qui a souhaité qu'elle soit "dépolitisée".
La Première ministre britannique Theresa May a annoncé mercredi une série de sanctions contre la Russie, dont l'expulsion de 23 diplomates et le gel des contacts bilatéraux, jugeant Moscou "coupable" de l'empoisonnement de l'ex-espion russe sur son sol.
Avec AFP