Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Le parlement britannique vote sur le projet d'expulsions de migrants vers le Rwanda


Le texte soumis au vote mardi à Londres vise à répondre aux objections de la Cour suprême britannique, qui a recalé le 15 novembre une précédente version du projet.
Le texte soumis au vote mardi à Londres vise à répondre aux objections de la Cour suprême britannique, qui a recalé le 15 novembre une précédente version du projet.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak affronte mardi un vote périlleux au Parlement pour sauver son projet controversé d'expulser des clandestins au Rwanda, l'un des textes "les plus durs" jamais présentés contre l'immigration illégale selon le gouvernement.

Ce vote à la Chambre des Communes se présente comme l'obstacle le plus ardu pour le chef du gouvernement conservateur depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu plus d'un an. Attaqué par l'aile droite de son parti comme par l'opposition, Rishi Sunak risque de voir son autorité sérieusement ébranlée à quelques mois des élections législatives. Les débats, prévus pour commencer à 12H00 (GMT et locale) devraient durer tout l'après-midi. Le vote est attendu vers 19H00.

Signe que l'immigration domine les débats dans de nombreux pays européens, ce vote à Londres intervient au lendemain d'une lourde défaite politique du gouvernement français sur ce sujet, l'Assemblée nationale ayant rejeté un projet de loi visant à contrôler les flux et améliorer l'intégration.

Le texte soumis au vote mardi à Londres vise à répondre aux objections de la Cour suprême britannique, qui a recalé le 15 novembre une précédente version du projet d'expulser des migrants – d'où qu'ils viennent – vers le Rwanda, annoncé en avril 2022 mais jamais mis en oeuvre.

"Il s'agit de l'un des textes les plus durs jamais présentés" au Parlement contre l'immigration illégale, a assuré mardi le ministre délégué à l'Immigration Michael Tomlinson, sur la télévision Sky News. Le gouvernement britannique a érigé en priorité la lutte contre l'immigration illégale. L'expulsion au Rwanda des migrants arrivés illégalement dans le pays est présentée comme l'un de ses principaux outils pour atteindre cet objectif.

Le nouveau texte définit le Rwanda comme un pays tiers sûr et empêche le renvoi des migrants vers leur pays d'origine. Il propose également de ne pas appliquer aux expulsions certaines sections de la loi britannique sur les droits humains, afin de limiter les recours en justice.

"Solution partielle"

Tout au long de la journée de lundi, différentes factions d'un parti conservateur largement désuni ont épluché le texte et livré leur verdict sur le projet de loi. Dans la soirée, le groupe de députés modérés "One Nation" a annoncé qu'il voterait pour le texte. Mais quelques heures plus tôt, les Brexiters radicaux de l'ERG, (European Reaserch Group) ont jugé que le projet n'apportait qu'une "solution partielle et incomplète" pour empêcher les recours devant les tribunaux, et nécessitait "des amendements très importants". Ce groupe très influent chez les conservateurs n'a pas dévoilé de consigne de vote.

Une partie des conservateurs estiment que Londres devrait se retirer de la Convention européenne des droits de l'Homme et autres conventions internationales sur les droits humains, pour empêcher tous les recours légaux d'aboutir. Le jour de la présentation du projet de loi la semaine dernière, le ministre délégué à l'Immigration Robert Jenrick a annoncé sa démission, annonçant qu'il ne soutiendrait pas en l'état un texte qui ne va pas "assez loin" selon lui.

Rishi Sunak s'expose à une défaite cuisante si l'aile droite rejette ce texte. Pour le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, le projet d'envoyer des migrants vers le Rwanda n'est qu'un "gadget coûteux". Après près de 14 ans au pouvoir, les conservateurs sont largement devancés dans les sondages par les travaillistes et selon les médias britanniques, le Premier ministre a déclaré la semaine dernière qu'ils devaient désormais "s'unir ou mourir".

En juin 2022, un premier vol qui devait emmener une poignée de migrants à Kigali avait été annulé in extremis après une injonction de la Cour européenne des droits de l'Homme.

Quelque 29.700 personnes sont arrivées au Royaume-Uni cette année à bord de petits bateaux, contre 45.700 en 2022, un recul que le gouvernement met sur le compte de l'effet dissuasif du durcissement de sa politique.

Forum

XS
SM
MD
LG