Revendiquant la responsabilité de "rassembler tous les Congolais", le président de la République démocratique du Congo (RDC) Felix Tshisekedi a annoncé dimanche la "fin" de la coalition qu'il avait formée avec son prédécesseur, l'ancien président Joseph Kabila.
"Le gouvernement de coalition institué au lendemain de l’alternance politique intervenue en janvier 2019 n’a pas permis de mettre en œuvre le programme pour lequel vous m’avez porté à la magistrature suprême", a dit le chef de l’État congolais.
S’exprimant pendant environ une demi-heure en français, en lingala et dans d'autres langues nationales dans un discours diffusé en direct par la RTNC, la télévision nationale, M. Tshisekedi, 57 ans, a aussi annoncé la désignation d’un "informateur" pour l'aider à établir "une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale".
Faute de quoi, a-t-il précisé, il n'aura d'autre choix que de dissoudre l’Assemblée nationale.
Élu en 2018 sous la bannière de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) mais minoritaire au Sénat et à l'Assemblée nationale, M. Tshisekedi a été contraint à entrer en coalition gouvernementale avec le camp de son prédécesseur réuni au sein du Front commun pour le Congo (FCC).
Dans le cadre de cette coalition, des cadres du camp Kabila ont occupé plusieurs ministères clés, provoquant des grognements parmi les partisans du président, rassemblés au sein du Cap pour le changement (CACH).
La lune de miel FCC-CACH n’aura été que de courte durée.
Les tensions entre les deux camps ont atteint leur point culminant en octobre, lorsque le président Tshisekedi a nommé des juges dans les plus hautes cours de la RDC. Les chefs des chambres du parlement, qui sont issus du FCC, ne se sont pas présentés à la prestation de serment des nouveaux juges.
Suite à cet incident, le président a annoncé une série de consultations avec un échantillon représentatif de la société congolaise, y compris les partis politiques, les groupes de la société civile, le clergé et même d'anciens rivaux politiques. Ces consultations ont commencé le 2 novembre et duré environ 3 semaines.
Dénonçant "anti-valeurs" et "fossoyeurs de la république", M. Tshisekedi a invité les Congolais à s’impliquer davantage dans le développement de leur pays : "Vous avez un rôle immense pour corriger les excès du passé", a-t-il dit.
Parmi les autres sujets clés sur lesquels le président a déclaré qu'un consensus avait été atteint, figurent : l’indépendance de la justice, comment parvenir à la paix durable dans la partie orientale du pays (en particulier à Beni et à Butembo), comment mettre fin à l'impunité face aux viols, à la violence sexiste et aux crimes économiques, ainsi que la réforme de l’appareil sécuritaire et la reconnaissance de la double nationalité et du droit de vote des Congolais de la diaspora.