"La Fifa, ce sont les Nations Unies du football et j'apporte mes 21 ans d'expérience dans le privé et à l'ONU en termes de bonne gouvernance et de transparence et d'obligation de rendre compte, aussi bien au niveau des fédérations qu'à celui de la Fifa", plaide Mme Samoura, 54 ans, présente à Abuja samedi en tant que représentante du PNUD, le Programme des Nations unies pour le développement.
"Mon but, c'est de soutenir le programme du président Gianni (Infantino, NDLR), que le foot retrouve son image, écornée par les scandales. Et à ceux qui parlent de mon manque d'expérience, je leur dis de me laisser le temps de faire mes preuves", insiste-t-elle auprès de l'AFP, en pleine préparation du sommet sur la sécurité d'Abuja, organisé pour tenter de mettre fin à l'insurrection islamiste de Boko Haram.
"Pas uniquement un sport d'hommes"
"Il faut faire en sorte que le football redevienne ce qu'il doit être, c'est-à-dire le sport le plus populaire, qui surmonte les clivages sociaux", insiste cette grande admiratrice de Karl-Heinz Rumenigge, ancien joueur et désormais président du conseil d'administration du Bayern Munich, en s'interrompant quelques minutes dans sa préparation du discours du représentant du secrétaire général de l'ONU.
"Gianni m'a parlé de diversité, de sa volonté de rassembler tout le football, qui n'est pas uniquement un sport d'hommes. Je vais notamment essayer d'apporter un plus grand soutien au foot féminin".
Revenant sur sa nomination vendredi à Mexico au poste de secrétaire générale de la Fifa -un poste dont elle héritera officiellement mi-juin, après un contrôle d'éligibilité-, Mme Samoura explique avoir rencontré pour la première fois Gianni Infantino, le nouveau président de la Fifa, mi-novembre 2015.
"J'étais alors en poste à Madagascar et c'était lors du match Madagascar-Sénégal" (match aller du 2e tour des qualifications de la zone Afrique pour le Mondial 2018 en Russie, NDLR).
"Pas un tempérament de gadget"
"Mais nous n'avons pas parlé du tout de ce poste de secrétaire général. A l'époque, il n'était pas encore candidat à la présidence de la Fifa, il préparait la campagne de Michel Platini (alors président de l'UEFA et favori à la succession de Joseph Blatter avant sa suspension).
"Après le repas, quelqu'un m'a rapporté ses propos. Et Gianni Infantino aurait dit: 'Si un jour je suis le président de la Fifa, voilà ma secrétaire générale !'", raconte-t-elle.
"Quand il a été élu, c'est moi qui ai cherché à lui parler, je lui ai envoyé un mail, et il m'a appelée", poursuit-elle. "Il m'a alors proposé le poste. Mais je venais d'arriver ici (au Nigeria), dans un pays où beaucoup de défis m'attendent. Il m'a fait une offre, et il m'a convaincue !".
Fatma Samoura, un alibi pour Gianni Infantino ? "C'est vrai que sa nomination est un beau coup de 'com' de la Fifa", a expliqué à l'AFP samedi Francis Kpatindé, un de ses proches amis, ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Jeune Afrique.
"Ce ne sera pas un faire-valoir, elle n'a pas un tempérament de gadget, elle sera loyale à Gianni Infantino mais elle va bousculer les choses !", assure celui qui la connaît depuis 2004, alors qu'elle était à Djbouti, lors de son premier poste de représentante du Programme alimentaire mondial (PAM): "Ce n'est pas une poupée qu'on dépose".
Avec AFP