La chambre d'instruction de la Fifa, qui avait requis la radiation à vie, veut faire appel en interne de la suspension de huit ans de toute activité liée au football prononcée contre Michel Platini, président de l'UEFA, et Joseph Blatter, président démissionnaire de la Fifa, a indiqué mardi 12 janvier un porte-parole.
"La chambre d'instruction a l'intention de lancer la procédure d'appel contre la décision contre M. Blatter et M. Platini au comité d'appel de la Fifa", indique dans un communiqué transmis à l'AFP Andreas Bantel, porte-parole de la chambre d'instruction de la commission d'éthique de la Fifa, soit la justice interne de l'instance suprême du football.
Cette dernière est composée de deux organes : la chambre d'instruction, soit les enquêteurs-procureurs qui avaient requis la radiation à vie, et la chambre de jugement, qui avait prononcé le verdict d'une suspension de huit ans.
Blatter et Platini, jusqu'ici les deux personnages les plus puissants de la planète football, ont été suspendus le 21 décembre en raison du paiement controversé de 1,8 million d'euros du Suisse au Français en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002 sans contrat écrit.
L'annonce par la chambre d'instruction de son intention d'interjeter appel survient alors que Platini a déposé lundi en fin d'après-midi son propre appel auprès de la chambre des recours de la Fifa pour tenter de faire lever sa suspension, comme l'a indiqué son entourage à l'AFP mardi matin.
La charge de corruption non retenue
La charge de corruption n'avait pas été retenue contre les deux hommes par le tribunal interne de la Fifa, qui les avait en revanche jugés coupables le 21 décembre d'"abus de position", de "conflit d'intérêt" et de "gestion déloyale".
Platini avait écopé en outre d'une amende de 80 000 francs suisses (74 000 euros), plus élevée que celle de Blatter, 50 000 francs suisses (46 295 euros).
Pendant leur suspension, ils ne peuvent plus avoir aucune activité officielle dans le football. Ils pourront toujours aller voir un match, à condition qu'ils paient eux-mêmes leur billet.
Cette sanction a conduit Platini a annoncer le 7 janvier qu'il renonçait à briguer la présidence de la Fifa, faute de temps pour épuiser les recours possibles avant le scrutin toujours fixé au 26 février à Zurich (Suisse).
Platini, une fois la décision de la chambre des recours connue, pourra ensuite se tourner vers le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne (Suisse), le dernier échelon de la justice sportive. Il a dénoncé un procès politique pour l'empêcher de se présenter à la présidence de la Fifa.
Blatter avait, lui, annoncé dimanche via son avocat son intention de faire appel.
"Contrat oral"
Selon le Suisse et le Français, ce versement de 1,8 million d'euros constituait le solde de la rémunération d'un travail de conseiller réalisé par Platini auprès du président de la Fifa entre 1999 et 2002, sur la base d'un contrat oral.
Fin septembre, la justice pénale suisse s'était aussi saisie de ce versement entre les deux hommes, le ministère public suisse parlant de "paiement déloyal" pour des "travaux prétendument effectués entre janvier 1999 et juin 2002" par le futur patron de l'UEFA.
Dans ce cadre, Platini avait été entendu comme témoin assisté, un statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui de mis en examen. Et une procédure pénale avait été formellement ouverte contre Blatter, pour "soupçon de gestion déloyale" et "abus de confiance", au sujet de ce paiement mais aussi suite à un "contrat défavorable à la Fifa" sur les droits de retransmission télévisée locaux des Mondiaux 2010 et 2014.
Avec AFP