Des organisations de la société civile ont crié au scandale et l’affaire hyper médiatisée retient toute l’attention du public. Il y a quelques jours, le gouvernement a annoncé avoir conclu une transaction avec la société minière en question, IAM Gold Essakane SA. Des analystes et autres observateurs appellent à plus de transparence sur cet accord.
Tout est parti le 30 décembre 2018. Le procureur général, près la Cour d’appel de Ouagadougou donne l’ordre de saisir 32 containers contenant du charbon fin à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. C’est la société minière IAM Gold Essakane SA qui était auteur de l’expédition. 495 tonnes de charbon fin contenant 304,273 kg d’or et 135,891 kg d’argent sont ainsi saisi.
Valeur estimée : plus de 7 milliards. Plus d’une dizaine de personnes sont accusées entre autres des faits de fraude en matière de commercialisation d’or et d’autres substances précieuses, d’exportation illégale de déchets dangereux, de blanchiment de capitaux, de faux en écriture privée de commerce, d’usage de faux en écriture privée de commerce. Après cinq ans de procédure judiciaire, le gouvernement annonce une entente avec la société minière. Un accord transactionnel.
L’Etat pense sortir gagnant de l’affaire. "En ce qui concerne l’Etat, de pouvoir obtenir l’abandon de la cargaison, objet du différend mais également il y a le paiement d’une amende au profit de l’Etat d’un montant de 9 milliards de FCFA. Donc l’entièreté de la cargaison qui est entre les mains de la justice va être réalisée pour le compte de l’Etat. L’Etat pourra choisir une société pour traiter l’or et qui va être gardée au bénéficie de l’Etat", a dit Yacouba Gouba, le ministre des Mines à la télévision nationale.
Ce règlement transactionnel clôt ainsi le dossier dit du "charbon fin" entre l’Etat burkinabè et la société IAM Gold Essakane SA. Yacouba Ladji Bama, ce journaliste qui a été l’un des premiers à alerter l’opinion sur cette affaire, n’est pas convaincu.
"A notre grande surprise, on apprend que l’Etat a décidé d’aller dans une transaction avec la société minière. Ce qui est assez curieux. On ne peut pas comprendre qu’on ait investi tant d’argent et tant d’énergie dans cette procédure judiciaire qui tire vers sa fin et qu’un matin on décide d’aller faire une transaction qui va empêcher la manifestation de la vérité. C’est une entente entre des gens dans le noir sans bases réelles", a-t-il affirmé.
"Nous nous acheminons allègrement vers un rendez-vous manqué. Cela aurait dû être un procès pédagogique pour l’Etat Burkinabè, pour l’ensemble des sociétés minières implantées au Burkina Faso, pour l’ensemble des acteurs impliqués dans la chaîne de production et de commercialisation de l’Or et des métaux précieux. C’est une volonté de la société minière IAM Gold Essakane que d’arriver à une transaction. Nous avons la faiblesse de croire que l’Etat Burkinabè a pris toute la mesure de la situation", a déclaré Adama Bayala, Président du réseau national des consommateurs du Faso déplorant lui aussi cette transaction.
Le ministre des Mines a rassuré qu’il y aura une transparence dans le traitement du charbon fin qui lui sera rétrocédé. Le gouvernement affirme aussi tirer des enseignements dans cette affaire et s’engage dans les prochains mois à mener des réformes pour davantage de transparence dans le secteur minier.
Le procès qui était en cours a été renvoyé au 18 janvier prochain pour trouver une solution globale qui concernerait toutes les parties.
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