Avec cette décision de la Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire, la perspective d'un procès se rapproche pour Nicolas Sarkozy, 61 ans, battu par le socialiste François Hollande en 2012, avec le risque d'être frappé d'une peine d'inéligibilité.
Ces écoutes de communications entre l'ex-chef de l'Etat et l'un de ses avocats, Me Thierry Herzog, sur un téléphone portable acquis sous un nom d'emprunt (Paul Bismuth) sont à l'origine d'un dossier embarrassant pour M. Sarkozy.
Dans ces conversations interceptées par la justice, M. Sarkozy s'inquiétait de connaître l'utilisation que la justice entendait faire de ses agendas saisis dans le cadre du dossier tentaculaire ouvert pour abus de confiance au détriment de la milliardaire Liliane Bettencourt, dans lequel M. Sarkozy avait été un temps inquiété avant d'être mis hors de cause.
Mais il évoquait aussi avec son avocat le projet d'obtenir d'un ex-magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret. En contrepartie, l'ancien président promettait d'intervenir en faveur de M. Azibert pour lui faire obtenir un poste de prestige à Monaco, ce qu'il n'avait au final pas fait.
Les écoutes judiciaires avaient été décidées dans le cadre d'un autre dossier, toujours ouvert, concernant des soupçons de financement de la campagne 2007 par l'ancien chef de l'Etat libyen Mouammar Kadhafi.
"Procédure malade"
Mis en examen (inculpé) pour corruption et trafic d'influence en juillet 2014 sur la base de ces enregistrements, l'ancien président argue que la tractation ne s'est pas concrétisée et qu'il n'a donc rien à se reprocher. Pour les enquêteurs, ce revirement peut cependant s'expliquer par le fait que Me Herzog et lui venaient d'apprendre que leurs téléphones avaient été placés sur écoute.
"C'est une procédure malade qui va continuer maintenant", a déploré l'avocat de Nicolas Sarkozy dans cette affaire, Me Patrice Spinosi, qui la juge "fragile" et "susceptible d'entraîner la condamnation de la France à la Cour européenne des droits de l'Homme" (CEDH).
Les ennnuis judiciaires ne s'arrêtent cependant pas à ce dossier pour Nicolas Sarkozy. Il a également été inculpé le 16 février pour financement illégal de sa campagne de 2012.
La justice soupçonne que ses comptes de campagne ont été truqués pour cacher une explosion du plafond légal des dépenses de 22,5 millions d'euros.
Sa stratégie de reconquête du pouvoir est également mise à mal au sein du parti de droite Les Républicains, dont il a pris la tête en novembre 2014 mais où son autorité est de plus en plus contestée. Sa personnalité clivante et son positionnement très à droite suscitent des réticences à quelques mois d'une primaire prévue fin novembre pour désigner le candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2017.
Son ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, 70 ans, dont le profil consensuel séduit un pays fragilisé par l'incapacité de l'exécutif socialiste à tourner la page de la crise économique, le devance largement dans les sondages (41% contre 23%), selon une enquête de l'institut Odoxa parue dimanche.
D'autres de ses ancien ministres se sont aussi déclarés contre lui, dont Bruno Le Maire, 46 ans qui recueille 16% d'intentions de vote, et son ancien Premier ministre François Fillon (9%).
Avec AFP