Le vainqueur de la primaire de la gauche, Benoît Hamon, dispose d'un délai très court pour "construire une majorité cohérente et durable" capable de contrer la poussée de l'extrême droite, galvanisée par le Brexit et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, tandis que la droite semble en perte de vitesse.
A l'heure actuelle, c'est surtout l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron, positionné au centre de l'échiquier politique, qui, avec la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen, profite des remous créés par l'affaire dite "Penelopegate", mais aussi des divisions de la gauche.
Nouveau venu sur la scène politique, l'ancien ministre l'Economie et ex-banquier d'affaires de 39 ans fait salle comble dans ses meetings et engrange les ralliements. Tous ceux qui "refusent d'adhérer à la vision économique irréaliste de Hamon vont se porter naturellement" vers lui, analyse la revue des deux Mondes.
Lundi, le richissime mécène Pierre Bergé, copropriétaire du journal Le Monde, lui a ainsi apporté son soutien.
Emmanuel Macron "aura la stature d'un président de la République et nous emmènera vers une social-démocratie", a-t-il expliqué, estimant que "ceux qui disent qu'il n'a pas de programme sont des imbéciles".
L'affaire dite "Penelopegate" est revenue au premier plan lundi avec les auditions du couple Fillon dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet financier après les révélations sur les 500.000 euros touchés par l'épouse du candidat conservateur en tant qu'assistante parlementaire et que collaboratrice de la revue des deux Mondes.
Le risque de turbulences pour l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy qui a mené campagne sur le thème de l'exemplarité est tel que le quotidien conservateur "Le Figaro" n'excluait pas lundi un "grand chambardement" dans un "scrutin où tout peut arriver".
"François Fillon n'est plus le vainqueur automatique tel qu'il apparaissait au lendemain de la primaire de la droite", reconnaît le journal après le grand meeting organisé dimanche à Paris pour relancer une campagne qui peinait déjà à décoller.
A gauche, le jeu des alliances nécessaires a déjà commencé. "Nous sommes d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de possibilité pour la gauche de l'emporter sans qu'elle se rassemble", a reconnu lundi Benoît Hamon.
Mais l'équation s'annonce difficile à résoudre, à moins de trois mois de l'élection présidentielle. Sa victoire sur l'ex-Premier ministre Manuel Valls qui voulait incarner une gauche "réaliste" sanctionne le "désaveu" des électeurs face au virage libéral pris pendant le quinquennat du président socialiste François Hollande, selon le journal Les Echos.
Et les idées de celui qui dénonce la "course à la croissance", veut encourager la réduction du temps de travail dans un monde en plein bouleversement numérique et se préoccupe plus de la "dette écologique" que de la réduction des déficits budgétaires" ne font pas l'unanimité.
Signe de son positionnement à l'aile gauche du parti, son premier geste a été de tendre la main aux écologistes et à l'extrême gauche.
Le candidat des Verts Yannick Jadot lui a déjà proposé de se lancer dans "une grande aventure écologiste et sociale", tout en soulignant qu'il lui faudrait rester sur son programme, "écologiste, social et européen".
Jusque-là cantonné dans une position intransigeante, le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, a pour sa part noté qu'il avait "chanté des paroles si proches des nôtres", notamment en termes d'écologie et de réformes politiques.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve qui a reçu lundi Benoît Hamon l'a cependant prévenu que, de son point de vue, la gauche "ne réussirait pas" sans "assumer le bilan" du quinquennat Hollande.
Le vainqueur de la primaire de la gauche doit rencontrer dans la semaine le président socialiste François Hollande qui n'a fait aucun commentaire sur sa victoire, se contentant de saluer dimanche celle de l'équipe de France de handball.
Avec AFP