Le mouvement présidentiel, La République En Marche (LREM), et ses alliés centristes, forts d'un tiers des voix environ, raviraient au second tour dimanche prochain entre 400 et 445 des 577 sièges de l'Assemblée nationale, selon les projections des instituts de sondage.
"La France est de retour", a lancé le Premier ministre Edouard Philippe, en vantant les mérites d'un président qui "a su incarner en France comme sur la scène internationale la confiance, la volonté et l'audace".
Même un ministre mis en cause dans une affaire de transaction immobilière, Richard Ferrand, s'est qualifié haut la main pour le second tour.
Ce score tient de la performance pour un mouvement qui, après seulement un an d'existence, a réussi à dynamiter les partis traditionnels de gauche et de droite qui se partageaient le pouvoir en France depuis 60 ans.
Selon les résultats définitifs publiés dans la nuit par le ministère de l'Intérieur, LREM et ses alliés centristes arrivent largement en tête avec 32,32% des suffrages exprimés, devant la droite (21,56%) et le parti d'extrême droite Front national (13,20%).
La France insoumise (LFI), parti de gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, et le Parti communiste obtiennent ensemble 13,74%, le Parti socialiste et ses alliés 9,51%, et les listes écologistes 4,30%.
L'abstention a atteint le niveau record de 51,29%, selon le ministère.
La droite, qui espérait en début de campagne priver le président Macron de majorité et le forcer à la cohabitation, terminerait avec 70 à 130 élus, selon les projections. Le chef de file de la droite à ces législatives, François Baroin, a appelé à la mobilisation pour éviter des "pouvoirs concentrés" dans "un seul et même parti".
A gauche, le Parti socialiste de l'ex-président François Hollande, qui contrôlait la moitié de l'Assemblée sortante, s'effondrerait à moins de 40 sièges. "Un recul sans précédent", a reconnu son chef Jean-Christophe Cambadélis, éliminé dimanche, tout comme le candidat malheureux du PS à la présidentielle Benoît Hamon.
Abstention record
Revers également pour le parti d'extrême droite Front national (FN), dont la patronne Marine Le Pen s'était hissée il y a un mois au second tour de la présidentielle: les projections donnent seulement un à 10 sièges au FN au sein de la nouvelle Assemblée, contre deux précédemment.
Pour ce parti anti-immigration et europhobe, c'est "une déception", a reconnu son vice-président Florian Philippot.
Mme Le Pen, qui pourrait pour la première fois faire son entrée au Parlement français après être arrivée en tête dans sa circonscription du nord de la France, a appelé les "électeurs patriotes" à une "forte mobilisation".
A l'autre extrême, la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon obtiendrait 10 à 23 sièges.
Ces élections n'ont pas réussi à mobiliser massivement les Français. Pour la première fois depuis près de 60 ans, l'abstention à un premier tour de législatives dépasse la barre des 50%, ce qui reflète, selon des experts, une forme de fatalisme face à la "vague" Macron.
'Macron plie le match'
Les résultats semblent en tout cas confirmer un désir de renouvellement politique des Français, qui ont éliminé à la présidentielle les ténors des partis traditionnels au profit d'un homme de 39 ans encore inconnu du public il y a quelques années, et dont le gouvernement mêle personnalités de droite, de gauche et de la société civile.
Parmi les candidats investis par La République en Marche, un grand nombre sont des citoyens jamais élus et originaires d'horizons variés: torera, mathématicien, pilote de chasse, etc.
Leur manque de notoriété ou d'expérience semble être compensé par la popularité du nouveau président français. Premiers pas sur la scène internationale jugés réussis, confiance des investisseurs... Certains évoquent une véritable "Macronmania".
La presse française de lundi relève le large succès de M. Macron mais souligne que l'abstention record relativise sa signification politique.
"Macron en marche vers une majorité écrasante" (Le Figaro), "Macron plie le match" (L'Opinion), "Un coup de maître" (Le Parisien)... Les titres des quotidiens nationaux ne laissent aucun doute sur l'ampleur du résultat final.
Pour autant, "ni ses 24% du premier tour de l'élection présidentielle, ni les 50% d'abstention de ce dimanche ne doivent donner l'illusion d'une France convertie à la +Macron-mania+", relève Nicolas Beytout dans L'Opinion.
Fort d'une large majorité à l'Assemblée, Emmanuel Macron, félicité dimanche soir par la chancelière allemande Angela Merkel, aura les mains libres pour appliquer son programme de réformes sociales-libérales: moralisation de la vie politique, assouplissement du droit du travail, réduction des déficits publics pour se conformer aux règles européennes.
Avec AFP