Quand la France sera-t-elle dotée d'un ministre de l'Intérieur à temps plein ? Au sommet de l'Etat, la question ne semble pas encore tout à fait tranchée.
Depuis la démission de Gérard Collomb, finalement acceptée mardi soir par M. Macron, c'est Édouard Philippe qui assume l'intérim. A ce titre, il pourrait assister au G6 qui réunit les ministres de l'Intérieur des six plus grands pays de l'UE lundi soir à Lyon. "A ce stade, c'est à l'agenda du Premier ministre", indique-t-on à Matignon.
Le remaniement, qui comme le remplacement début septembre de Nicolas Hulot aura pris près d'une semaine, pourrait donc être dévoilé lundi ou plutôt mardi, selon des sources gouvernementales. Soit avant le Conseil des ministres prévu mercredi et le départ dans la foulée de M. Macron pour le Sommet de la francophonie en Arménie.
Qui pour remplacer M. Collomb, parti reconquérir la ville de Lyon ? Les noms de Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin ont circulé dans les médias, et de plus en plus ceux d'experts comme François Molins, Mireille Ballestrazzi ou encore Jean Castex.
Proche de Nicolas Sarkozy et vice-président de Valérie Pécresse (Les Républicains) à la région Ile-de-France, Frédéric Péchenard est également évoqué. L'ancien patron de la police nationale devait participer lundi matin à une conférence de presse sur la sécurité avec ses collègues LR du Conseil de Paris, qui a été reportée.
L'incertitude règne également sur l'ampleur de la réorganisation gouvernementale. "Le nombre de bêtises, fake news, manips, noms jetés en pâture sur le remaniement, c'est vertigineux", a commenté sur Twitter le conseiller du Premier ministre, Gilles Boyer.
Gouvernement Philippe III ?
Si l'option d'un large changement était retenue, Édouard Philippe pourrait remettre la démission de son gouvernement. Dans cette hypothèse, renommé à Matignon à la tête d'un "gouvernement Philippe III", il pourrait solliciter de l'Assemblée un vote sur une déclaration de politique générale, comme Jean-Pierre Raffarin en 2004 ou François Fillon en 2010.
"Si le président décide d'un remaniement ample et profond, c'est d'évidence qu'il faudra que le nouveau gouvernement demande la confiance", a fait valoir dans le JDD Richard Ferrand, nouveau président de l'Assemblée et rouage essentiel de la Macronie.
M. Ferrand plaide pour un "nouveau souffle", mettant notamment l'accent sur la nécessité de se "réconcilier avec les territoires". "Cela peut se traduire par une place plus visible de ces enjeux dans le prochain remaniement. C'est ce que j'attends de l'exécutif", a-t-il dit, alors que les relations sont tendues entre gouvernement et grandes associations d'élus.
Détenteur du portefeuille de la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard pourrait être poussé vers la sortie. Le nom de l'ex-LR Christophe Béchu, maire d'Angers, circule pour lui succéder, tandis que le secrétaire d'État Julien Denormandie pourrait obtenir un ministère du Logement.
Quant à Jacqueline Gourault, actuelle ministre auprès du ministre de l'Intérieur, elle pourrait officiellement se voir attribuer les dossiers des collectivités locales.
Derrière Mme Gourault, le gouvernement pourrait accorder une plus large place aux centristes du Modem, qui ont donné des signes de mécontentement notamment lors de l'élection au perchoir de Richard Ferrand. Le chef de file des députés MoDem, Marc Fesneau, est cité pour succéder à Stéphane Travert à l'Agriculture.
Autre ministre fragilisée: Françoise Nyssen (Culture), gênée par une enquête préliminaire sur des travaux d'agrandissement dans les locaux d'Actes Sud.
Enfin, ultime donnée de l'équation: les ministres nourrissant des ambitions municipales pour 2020 devraient pour l'heure rester au gouvernement. "On ne va pas caler nos comportements sur le comportement de Gérard Collomb", a expliqué dimanche le porte-parole Benjamin Griveaux, qui réfléchit lui-même à une candidature à Paris.
Avec AFP