"Je n'étais au courant de rien": l'attaquant star du Barça Lionel Messi a maintenu jeudi sa ligne de défense devant le tribunal de Barcelone où il est poursuivi pour fraude fiscale, une affaire qui empoisonne sa carrière depuis trois ans.
"Je jouais au football. je n'étais au courant de rien", a déclaré la star du Barça vers 14h30 (12h30 GMT), restant sur la ligne de défense adoptée depuis le début de l'enquête sur cette fraude de 4,16 millions d'euros, en 2013.
"J'ai confiance en mon papa", a ajouté le quintuple Ballon d'Or, vêtu d'un costume sombre, chemise blanche et cravate noire, installé au côté de son père Jorge Horacio devant les trois juges du tribunal. Il n'a parlé qu'une vingtaine de minutes et l'audience a été levée.
Il a indiqué au juge qu'il serait absent pour le dernier jour de son procès vendredi, auquel il n'est pas tenu d'assister.
Messi devait après son audition s'envoler pour rejoindre sa sélection argentine, qui jouera son premier match de Copa America, le 6 juin à Santa Clara, en Californie (Etats-Unis), face au Chili.
Lionel Messi, 28 ans, est accusé d'avoir tenté d'éviter de verser 4,16 millions d'euros d'impôts sur l'argent qu'il gagnait grâce à l'utilisation de son image par des marques comme Danone, Adidas, Nike entre 2007 et 2009.
- Va jouer à Panama ! -
"On ne m'expliquait jamais comment étaient gérés les droits à l'image (...) tout ce que je savais c'est que je signais avec les sponsors pour une quantité X d'argent et que je devais ensuite faire les publicités avec photos et des choses dans le genre mais concernant l'argent et où il allait je ne savais rien", a-t-il ajouté.
Lionel Messi a refusé de répondre aux question de l'avocat du Trésor public, qui lui a notamment demandé s'il savait qu'en Espagne, les revenus sont imposable au niveau mondial.
La star du foot, arrivée vers 10h15 (8h15 GMT) au tribunal était attendue par des dizaines de journalistes et de curieux massés derrière des barrières. La majorité a ovationné le quintuple Ballon d'or. Mais à son passage ont aussi fusé les cris "petit voleur", "va jouer à Panama!".
"Les supporteurs continueront à le soutenir", a cependant estimé un retraité de 70 ans, Andrés Lopez, lançant "avec le petiot, nous gagnons tout!".
Le tribunal a dans un premier temps entendu des experts du fisc. Puis il a commencé à entendre le père de Messi, Jorge Horacio, accusé par le parquet d'avoir "organisé" la fraude fiscale:
"J'ai toujours cherché à lui faciliter la vie", a-t-il déclaré.
"La vérité c'est que je n'ai aucune connaissance sur ces sujets" d'ordre fiscal, a-t-il aussi insisté plusieurs fois, laissant entendre qu'il n'avait pas volontairement fraudé.
Jorge Horacio Messi a ensuite détaillé les différents montages de sociétés au Belize, puis en Uruguay, pour recevoir les bénéfices tirés de l'utilisation de l'image de son fils mineur jusqu'en 2005.
Les faits ne sont pas contestés. A partir de 2005, alors qu'il était encore adolescent, sa famille a fondé une première société offshore au Belize, en Amérique centrale, considéré à l'époque comme un paradis fiscal, pour encaisser les bénéfices tirés des droits.
Puis en 2007, cette société est remplacée par une autre compagnie fondée, cette fois, en Uruguay, où les droits à l'image n'étaient pas fiscalisés.
Une évasion fiscale présumée qui a valu à Messi - aujourd'hui l'un des quatre sportifs les plus riches du monde selon Forbes - 21 contrôles fiscaux à partir de 2013.
Sans contester les faits, ses avocats tentent depuis le début du procès de démontrer qu'il ne gérait pas ses affaires.
Le joueur et son père ont déjà versé la somme qu'ils devaient au fisc plus les intérêts de retard, soit quelque 5 millions d'euros. Ils risquent une peine de prison de 22 mois et une amende équivalente au montant de la fraude.
Cependant, s'ils étaient condamnés, ils ne devraient pas être incarcérés car en Espagne, les peines inférieures à deux ans ne sont en général pas exécutées en l'absence d'antécédents judiciaires.
Le procès doit se poursuivre vendredi matin en son absence, à partir de 10h30 (08h30 GMT) pour une dernière journée d'audience.