Les six personnes décédées dimanche dans l'attaque à l'arme à feu d'une mosquée de Québec étaient toutes des Canadiens binationaux, a indiqué lundi le vice-président du Centre culturel islamique de Québec, Mohamed Labidi.
"Il y a deux Marocains, un ou deux Algériens, un Tunisien et peut-être deux (personnes originaires) de l'Afrique sub-saharienne", a déclaré M. Labidi en marge d'une rencontre avec les autorités.
A Alger, le ministère des Affaires étrangères a confirmé la mort de deux Algériens dans un communiqué cité par la télévision d'État.
"Ce sont tous des citoyens canadiens, ce sont tous des Québécois, des Canadiens", a insisté M. Labidi au sujet des personnes décédées.
La police québécoise, qui mène l'enquête aux côtés de la police fédérale canadienne, avait reconnu quelques instants plus tôt que certaines des victimes étaient d'origine étrangère, sans toutefois fournir davantage de précisions.
La Sûreté du Québec a d'abord interpellé dimanche soir deux suspects, âgés entre 25 et 30 ans, avant d'annoncer lundi à la mi-journée "qu'un seul des individus arrêtés (...) est considéré comme suspect".
"Suite à l'enquête, l'autre individu est maintenant" entendu comme témoin, a indiqué la police québécoise.
Dernière prière
C'est aux environs de 19h30 locale dimanche (00h30 GMT lundi), à la fin de la dernière prière de la journée, que les deux hommes ont fait irruption dans l'enceinte du centre culturel islamique de Québec avant d'ouvrir le feu.
Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées dans ce lieu de culte où les secours ont déploré six morts et huit blessés, a indiqué lundi Christine Coulombe, porte-parole de la sûreté du Québec lors d'un point de presse.
"La structure de gestion policière contre le terrorisme est déployée", a-t-elle ajoutée.
"Nous condamnons cet attentat terroriste dirigé contre des musulmans se trouvant dans un lieu de culte et de refuge", a déclaré le Premier ministre canadien Justin Trudeau dans un communiqué.
La police a été avare de détails sur le déroulé des faits.
"Les deux hommes portaient une cagoule noire" et l'un avait "un fort accent québécois", a expliqué un témoin interrogé par Radio-Canada. Quand les tirs ont commencé "les hommes se sont jetés à terre", a-t-il ajouté.
"Deux personnes ont été arrêtées" et placées en garde à vue, a indiqué Cristine Coulombe, l'une "à proximité des lieux et un autre suspect" près de l'île d'Orléans à une vingtaine de kilomètres des lieux où s'est déroulée la fusillade.
Ce deuxième suspect aurait été interpellé à l'issue d'une course poursuite avec la police, selon les médias locaux.
"Pour le moment, rien ne nous porte à croire qu'il y aurait d'autres suspects reliés à l'événement", a ajouté la porte-parole de la police.
Quelques minutes après la fusillade, un important dispositif policier a été déployé, et les premiers blessés ont été soignés dans des ambulances sur place.
C'est dans le quartier Sainte-Foy, dans une vaste zone de bureaux et de commerces à une dizaine de kilomètres à l'ouest du centre historique de la ville de Québec, que le drame s'est joué.
Le même lieu de culte avait été l'objet l'été dernier d'un geste à caractère haineux, quand une tête de porc avait été déposée devant l'une de ses portes.
'Gestes insensés'
"La diversité est notre force et, en tant que Canadiens, la tolérance religieuse est une valeur qui nous est chère", a souligné Justin Trudeau.
"Les musulmans canadiens constituent un élément important de notre tissu national, et des gestes insensés comme celui-là n'ont pas leur place dans nos communautés, nos villes et notre pays", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement avait samedi lancé un message de rassemblement et d'unité en promettant d'accueillir les réfugiés "indépendamment de leur foi". Des propos qui se démarquaient de la politique américaine après la décision du président Donald Trump d'interdire l'entrée des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans.
Le chef du gouvernement de la province francophone Philippe Couillard a également condamné cette attaque contre des musulmans. "Le Québec rejette catégoriquement cette violence barbare. Unissons-nous contre la violence et solidarité avec les Québécois de confession musulmane", a-t-il écrit sur Twitter.
"Je condamne ce geste insensé", a aussi déclaré le maire de Québec Régis Labeaume.
Les témoins avouaient leur incompréhension après cette fusillade. "Je ne comprends pas pourquoi ici, c'est une petite mosquée et Québec, ce n'est ni Montréal, ni Toronto" (sud-est), a déclaré un homme qui était à l'intérieur du centre au moment de l'attaque, sans vouloir donner son identité.
"On s'y préparait (à une attaque de ce type), car ça se passe dans le monde entier", a confié à l'AFP un policier chargé du périmètre de sécurité.
D'autres mosquées au Canada ont également été la cible de graffitis à caractère raciste au cours des derniers mois.
Avec AFP