La police de New York poursuit mercredi la traque d'un homme qui, muni d'un masque à gaz, a semé mardi le chaos dans le métro, à l'heure de pointe du matin, en déclenchant deux engins fumigènes avant d'ouvrir le feu, faisant 23 blessés dont dix par balle.
Aucune indication ne permettait toutefois à ce stade de qualifier cette attaque d'acte terroriste, a-t-on souligné de source policière.
"Nous avons vraiment eu de la chance que cela n'ait pas été beaucoup plus grave", a souligné la cheffe de la police de New York (NYPD), Keechant Sewell, résumant le soulagement des autorités après cette attaque où le suspect - toujours en fuite - a tiré 33 balles dans le métro.
A 08H24 (12H24 GMT) mardi, à l'heure où les rames de métro de la mégapole sont bondées, l'individu, qui portait un masque à gaz, "a ouvert deux bonbonnes qui ont laissé s'échapper de la fumée dans la rame. Il a ensuite tiré sur nombre de passagers quand le train entrait dans la station de la 36ème rue" au sud de Brooklyn, a raconté Keechant Sewell.
Des photos et vidéos amateurs ont montré des flaques de sang et des personnes gisant sur le plancher d'une rame, ainsi que sur le quai de la station.
Parmi les victimes, dont aucune n'était en danger de mort selon la police, dix ont été touchées par balle et treize autres dans la bousculade pour sortir du métro ou à cause des inhalations de fumée.
Le suspect a été décrit par la police comme "un homme noir" mesurant environ 1,65 m, "de forte corpulence", et portant un "gilet vert et orange de chantier" et un sweat-shirt à capuche gris.
Van
Sur place, les enquêteurs ont retrouvé une arme de poing et trois chargeurs, ainsi qu'une clé de véhicule qui leur a permis de remonter jusqu'à une camionnette du loueur américain U-Haul, récemment louée et abandonnée dans Brooklyn.
La police a donné la description et diffusé des photos de l'individu qui a loué le van, sans dire s'il s'agissait du suspect. D'après plusieurs médias, cet homme, Frank James, 62 ans, a publié diverses vidéos sur Youtube où il livre de longues tirades politiques, parfois virulentes, et critique le maire de New York Eric Adams.
"Il y a eu des publications qui pourraient être liées à la personne qui nous intéresse, où il mentionne les sans-abris, où il mentionne New York, où il mentionne le maire Adams", a confirmé la cheffe du NYPD.
Dans le métro, "j'ai vu un nuage de fumée, j'ai vu des gens dans le chaos, allongés par terre, trois personnes au sol. Immédiatement, je me suis dit qu'il fallait partir", a raconté à l'AFP un habitant de Brooklyn travaillant sur place, Threstan Ralph, 34 ans.
Selon l'un des passagers, Yav Montano, qui s'exprimait sur CNN, "une grenade à fumée... une bombe a explosé, je dirais deux minutes avant que nous n'arrivions à la station".
"On aurait dit que c'était planifié (...). On était coincés dans la rame (...) Il y avait beaucoup de sang sur le sol", a ajouté cet homme.
Toute la journée, un important dispositif de sécurité - pompiers, ambulances, police - a été déployé. Plusieurs écoles ont annulé toute sortie de leurs élèves à l'extérieur.
"Epidémie"
En visite dans l'Iowa, le président Joe Biden a promis: "Nous ne lâcherons rien tant que nous n'aurons pas trouvé l'auteur du crime".
Lundi, Joe Biden avait annoncé des mesures contre certaines des armes à feu qui prolifèrent aux Etats-Unis, et qui ont tué 45.000 personnes aux Etats-Unis en 2021, suicides inclus, selon l'organisation Gun Violence Archive.
Une "épidémie" selon la Maison Blanche.
L'attaque de mardi a eu lieu alors que New York a été confrontée à une hausse de la criminalité depuis la pandémie de Covid-19, le nombre d'homicides passant de 319 en 2019 à 488 en 2021, même si le bilan annuel reste bien en deçà des plus de 2.000 par an enregistrés au début des années 1990.
Elu en novembre sur des promesses de sécurité, le maire démocrate et ancien policier Eric Adams avait lancé en janvier un plan de lutte contre la prolifération des armes à feu, après la mort de deux policiers tués par balle lors d'une intervention.
Mais d'autres drames avec des armes à feu font souvent la une de la presse.
"Nous en avons assez de lire les gros titres sur la criminalité, qu'il s'agisse de fusillades ou de la perte d'une adolescente ou d'un jeune de 13 ans. Cela doit s'arrêter", a lancé la gouverneure de l'Etat de New York Kathy Hochul, faisant allusion à plusieurs victimes récentes -- dont des enfants -- de fusillades ou de balles perdues.