Esteban Santiago, un ancien soldat de la Garde nationale de 26 ans qui a été déployé dix mois en Irak, a été interrogé durant une bonne partie de la nuit de vendredi à samedi par les enquêteurs qui n'excluaient samedi aucune piste quant à ses motivations. Il devrait être inculpé dans l'après-midi.
Il est accusé d'avoir tiré avec un pistolet semi-automatique de 9 mm, au niveau de la zone des bagages à l'arrivée. Il avait voyagé depuis Anchorage (Alaska), via une escale à Minneapolis (Minnesota), et aucune altercation ne semble avoir déclenché son geste fou, selon le FBI.
L'arme se trouvait dans son bagage en soute, comme le permet la réglementation.
Il a tué cinq personnes et en a blessé six autres, dont trois restaient samedi dans un état grave.
Selon le shérif local, il s'est écoulé entre 70 et 80 secondes entre le premier tir et l'arrivée des policiers. Le tireur se serait rendu sans chercher à fuir, et les policiers n'ont pas eu à faire usage de leurs armes.
"Nous avons interrogé environ 175 témoins, nous avons récupéré des enregistrements vidéo, des preuves sur place, et nous continuons à enquêter sur toutes les pistes possibles. Nous n'excluons rien", a déclaré George Piro, agent de la police fédérale (FBI), lors d'une conférence de presse samedi. "Pour le moment nous continuons à examiner la piste terroriste comme motivation potentielle pour cette attaque".
Le suspect a quitté l'armée en août et était porteur d'une carte d'identité militaire. Il a été déployé en Irak d'avril 2010 à février 2011.
- Problèmes mentaux -
Il y a deux mois, il s'était rendu dans un bureau du FBI à Anchorage, en Alaska. Son comportement "incohérent" avait alors alarmé les agents qui le recevaient, au point qu'ils ont à l'époque contacté la police afin qu'il soit "examiné" dans un établissement psychiatrique, selon George Piro.
On ignore si les autorités ont continué ensuite à s'intéresser à lui. Mais le nom de Santiago n'a en tout cas pas été ajouté à la liste des personnes interdites de vol, selon les enquêteurs.
"S'ils ont une maladie mentale, ou s'ils sont sur une liste d'interdiction de vol, ou s'ils sont des criminels condamnés, ils ne devraient pas avoir le droit de posséder des pistolets ou des fusils", a lâché le shérif du comté de Broward, Scott Israel, qui a admis que les forces de l'ordre ne pouvaient guère que limiter le nombre de morts en intervenant rapidement quand un individu déterminé commence à tirer dans une foule.
La parlementaire démocrate de Floride Debbie Wasserman Schultz a posé la question d'un éventuel renforcement de la législation sur les armes, éternel sujet de débat partisan aux Etats-Unis.
"Nous devons nous poser la question du droit des gens de voyager avec des armes, même dans les bagages enregistrés, mais nous devons aussi réexaminer les questions de sécurité dans les zones de récupération de bagages", a dit l'élue démocrate.
"Notre pays est bourré d'armes", a déploré le sénateur démocrate Chris Murphy, "mais le Congrès continue de ne rien faire".
Lors de sa visite au FBI d'Anchorage en novembre, Esteban Santiago avait selon CBS expliqué qu'il avait été forcé à travailler pour le groupe Etat islamique et que la CIA contrôlait son esprit pour l'obliger à regarder des vidéos de l'EI.
Une de ses tantes, Maria Luisa Ruiz, a déclaré au site NorthJersey.com qu'il était devenu père d'un petit garçon en septembre, et qu'il souffrait de problèmes mentaux.
"Il y a un mois environ, il a semblé perdre la tête", a-t-elle affirmé. "Il disait avoir des visions".
La brève et sanglante fusillade a créé une gigantesque panique dans l'aéroport, qui a été fermé entièrement. Trois des quatre terminaux ont rouvert samedi à 05H00 locales (10H00 GMT), et le terminal 2, où s'est déroulé l'incident, devrait rouvrir d'ici à samedi soir. Environ 85% des vols de samedi devraient être assurés.
Avec AFP