La question du conflit ouvert entre les Etats-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire iranien a dominé le sommet des chefs d’Etat et du gouvernement du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada) qui s’est tenu à Biarritz pendant trois jours.
Véritable coup de théâtre, la venue surprise du chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif dimanche dans la station balnéaire a permis “de dessiner un chemin”, a estimé Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet. “Des discussions se sont amorcées” avec véritablement “des avancées”.
Et, a poursuivi le chef de l’Etat français qui s’exprimait au côté de Donald Trump, “si le président iranien Hassan Rohani acceptait une rencontre avec le président américain, ma conviction c’est qu’un accord peut être trouvé”.
“Je souhaite que dans les prochaines semaines sur la base de ces échanges nous puissions réussir à avoir un entretien au sommet entre le président Rohani et le président Trump” auquel la France et ses partenaires européens pourraient être “pleinement associés”.”
“Nous avons créé les conditions de cette rencontre et d’un accord”, a-t-il ajouté, même s’il “faut toujours être prudent”.
" Quand les circonstances seront réunies"
Interrogé à ce sujet lors de la même conférence de presse, Donald Trump s’est dit prêt à rencontrer son homologue iranien “quand les circonstances seront réunies”, jugeant réaliste la tenue d’une telle réunion dans les prochaines semaines.
Hassan Rohani s’est de son côté dit prêt à rencontrer toute personne susceptible de résoudre la crise, selon le site officiel de la présidence iranienne.
En Iran, le véritable détenteur du pouvoir est toutefois le guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, et toute rencontre avec le président américain dépendrait de son feu vert.
Dans la matinée, le locataire de la Maison blanche avait déjà adopté un ton conciliant à l’égard de l’Iran et de la démarche française qui a conduit à la venue du chef de la diplomatie iranienne à Biarritz.
“Ce que nous voulons est très simple”, avait-il dit. “Ça doit être non-nucléaire. Nous allons parler des missiles balistiques, nous allons parler du calendrier”.
“Mais ils doivent arrêter le terrorisme. Je pense qu’ils vont changer. Je le pense vraiment. Je pense qu’il y a une occasion pour eux qui se présente”, avait-il ajouté. “Ce que nous voulons c’est un bon Iran, un Iran vraiment fort, nous ne cherchons à changer le régime”.
Donald Trump avait par ailleurs fait savoir qu’il n’avait pas souhaité rencontrer pour sa part le ministre iranien à Biarritz, estimant que cela aurait été prématuré.
Ultimatum début septembre
Cette période apparente de détente, entre Hassan Rohani et Donald Trump qui seront tous les deux à New York fin septembre pour l’Assemblée générale des Nations unies, intervient à quelques jours de l’ultimatum fixé par Téhéran aux Européens pour répondre à ses demandes concernant le respect de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien.
Arraché de haute lutte, cet accord conclu entre Téhéran et le groupe 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne) a été fragilisé en mai 2018 par la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de ce texte qui encadre le programme nucléaire de Téhéran en échange d’une levée progressive des sanctions contre l’Iran.
“La route à parcourir est difficile mais ça vaut la peine d’essayer”, a déclaré Mohammad Javad Zarif, dans un message publié sur Twitter dimanche soir, une fois reparti de la station balnéaire française.
Signe de la difficulté de la tâche, deux responsables iraniens et un diplomate ont fait savoir dimanche à Reuters que l’Iran souhaitait exporter au minimum 700.000 barils de pétrole par jour et idéalement jusqu’à 1,5 million de bpj et ont répété que le programme de missiles balistiques de l’Iran ne pouvait et ne serait pas négociable.