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Gabon : des détenus libérés, le président de transition reçoit un médiateur régional


Le général Brice Oligui Nguema, chef du coup d'État au Gabon, s'exprime après avoir prêté serment en tant que président par intérim lors de sa cérémonie d'investiture, à Libreville, Gabon, le 4 septembre 2023.
Le général Brice Oligui Nguema, chef du coup d'État au Gabon, s'exprime après avoir prêté serment en tant que président par intérim lors de sa cérémonie d'investiture, à Libreville, Gabon, le 4 septembre 2023.

Des détenus ont été libérés mardi au Gabon après la promesse faite la veille aux "prisonniers d'opinion" par le président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, qui a reçu, six jours après son coup d'Etat, le chef de l'Etat centrafricain dépêché en "facilitateur" régional.

Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra doit aussi rencontrer dans la soirée à Libreville le chef de l'Etat déchu Ali Bongo Ondimba, renversé le 30 août par des militaires emmenés par le général Oligui, qui reprochaient à son camp d'avoir truqué la présidentielle quatre jours plus tôt et l'accusaient de "corruption massive".

M. Bongo, 64 ans, est en résidence surveillée depuis le coup d'Etat, que la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) a "fermement condamné" en mandatant M. Touadéra en "facilitateur" chargé de "pourparlers" "dans la perspective d'un retour rapide à l'ordre constitutionnel".

Mais la rencontre entre MM. Oligui et Touadéra a été présentée par la télévision d'Etat gabonaise, porte-voix du nouveau pouvoir, comme une simple visite "de travail et d'amitié".

Lundi, devant des centaines de personnes dont des ministres déchus d'Ali Bongo, des caciques de son parti et des ténors de l'ex-opposition, le général Oligui avait prêté serment en tant que président d'une période de transition dont la durée n'a pas été fixée, promettant de "remettre le pouvoir aux civils" à son terme par des "élections libres".

Il avait également annoncé, sous les vivats du public et d'une foule compacte massée devant le palais présidentiel, la désignation, "dans quelques jours", d'un gouvernement de transition qu'il a "instruit" par avance de faciliter la libération "des prisonniers d'opinion" et le retour "des exilés politiques".

Dès mardi, "plusieurs personnes" ont été remises en liberté, a assuré à l'AFP Anges Kevin Nzigou, avocat et militant des droits humains, notamment l'un de ses clients, Jean Rémy Yama, 59 ans, syndicaliste enseignant détenu depuis juin 2022 pour "détournements de fonds publics". L'opposition accusait régulièrement le pouvoir d'avoir monté une cabale financière pour museler ce critique virulent de M. Bongo.

"Détournements massifs"

Invoquant la "promesse" du général Oligui, la télévision publique a aussi annoncé la libération de Léandre Nzué, ancien maire de Libreville également incarcéré pour "détournements" depuis trois ans sans procès.

Depuis le coup d'Etat, les militaires avaient annoncé l'arrestation de l'un des fils du chef de l'Etat -Noureddin Bongo Valentin- et de six autres jeunes membres de la garde rapprochée du président et de son épouse Sylvia, les montrant les jours suivants lors de perquisitions à leurs domiciles au pied de sacs débordant de billets de banque pour l'équivalent de centaines de millions d'euros.

Et, comme le faisait l'opposition depuis plusieurs années, les putschistes ont accusé Sylvia et Noureddin Bongo d'être au coeur d'un réseau de "détournement massif de deniers publics", en manipulant notamment le chef de l'Etat par la "falsification" de sa signature.

M. Oligui a reçu mardi M. Touadéra à la présidence, mais rien n'a filtré de la rencontre.

Durant le week-end, les dix autres pays de la CEEAC ont "condamné fermement" la "prise du pouvoir par les forces de défense et de sécurité" au Gabon. Le pays a été suspendu de l'organisation régionale, dont le siège a été transféré de Libreville à Malabo.

Les Gabonais réagissent après la prestation de serment du général Oligui
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Rencontre Touadéra-Bongo

"Le président Touadéra n'a pas encore rencontré Ali Bongo mais cela se fera" dans la soirée, a affirmé à l'AFP à Bangui Albert Yaloké Mokpeme, ministre et porte-parole de la présidence centrafricaine.

Continuant d'inlassables rencontres très médiatisées avec toutes les couches de la population et de tous bords, le général Oligui a rendu visite à son domicile dans la nuit de lundi à mardi au seul ténor de l'opposition qui continuait de lui réclamer le pouvoir, Albert Ondo Ossa, principal rival de M. Bongo à la présidentielle du 26 août qu'il estime avoir remportée.

Rien n'a filtré mais une photo montrant les deux hommes en tenue décontractée et des proches de M. Ondo Ossa, se tenant tous la main à son domicile, a été abondamment diffusée sur les réseaux sociaux, authentifiée pour l'AFP par le responsable de la communication de l'opposant.

Depuis plus de 55 ans, la famille Bongo dirigeait sans partage ce petit Etat d'Afrique centrale, parmi les plus riches du continent grâce à son pétrole mais dont un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ali Bongo avait été élu en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, président depuis plus de 41 ans.

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