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Journée calme à Libreville


Le président et candidat Ali Bongo, à Libreville, le 27 août 2016. (VOA/Idriss Fall)
Le président et candidat Ali Bongo, à Libreville, le 27 août 2016. (VOA/Idriss Fall)

Des boutiques ouvertes, une circulation trop fluide, quelques passants dans les rues, mais le QG de Jean Ping et le palais présidentiel sous haute sécurité : Libreville vivait samedi en apparence une journée ordinaire après le verdict de la Cour constitutionnelle en faveur d'Ali Bongo.

Autour de midi, l'AFP a fait le tour de la capitale où chaque quartier représente souvent un bastion familial, régional ou communautaire acquis à l'un ou l'autre candidat.

Première étape: les Akebe, devant la gargotte "Foufou Manioc du Haut-Ogooué", du nom de cette province fief des Bongo où le président sortant a obtenu des scores d'environ 90%.

Une jeune femme, Rihanna -une Camerounaise- s'enflamme en voyant la caméra de l'AFPTV: "Tout s'est passé dans la transparence. Les activités ont repris. Merci le président. La Cour constitutionnelle a bien fait son travail".

Patrick est plus circonspect et attend le président sur le terrain économique et social pour son deuxième septennat: "le coût du panier de la ménagère est très cher et les taxis aussi".

Quelques centaines de mètres plus loin, au marché, les cinq sardines grillées se vendent 500 francs CFA (80 centimes d'euros).

Au carrefour Rio, à l'entrée des "PK", les quartiers populaires tout au long de la nationale qui relie la capitale au reste du Gabon, un camion de gendarmes et un blindé patrouillent. Les forces de sécurité sont là.

'pas de boulot'

La décision de la Cour? "Je suis habitué", soupire Jonathan, 39 ans, qui n'a jamais voté parce que le pouvoir en place obtient toujours gain de cause, selon lui.

"Il faut respecter la loi. Le Gabon est un pays de paix et de sérénité", tempère Sandrine, 24 ans, qui vend des sandwiches.

Tous deux déplacent très vite le débat du terrain politique vers leurs préoccupations quotidiennes: "J'ai des problèmes pour payer mon loyer. J'ai un permis je n'arrive pas à trouver un boulot", déplore Jonathan, chauffeur au chômage avec deux enfants à charge.

"Quand Ping occupait des fonctions-clés, pourquoi n'a-t-il pas travaillé pour les Gabonais?", ajoute ce père de famille.

"Je vends des sandwiches histoire de ne pas rester à la maison. Je compte suivre des cours du soir d'enseignement général", assure Sandrine.

Arnaud, polo blanc et lunettes de soleil, dans la vingtaine également, se joint volontiers à la conversation : "Je ne peux pas condamner Ali. On attend beaucoup de lui. Il a dit qu'il est le président des jeunes et de tous les Gabonais. Qu'il fasse ce que son père n'a pas pu faire".

Arnaud se déclare "apolitique, mais porte en évidence un porte-clé à la gloire du Parti démocratique gabonais (PDG), le navire-amiral d'Omar Bongo et de son fils et successeur Ali.

Sur la voie express, deux camions de la Garde républicaine, transportant des hommes avec leurs armes bien visibles, se glissent parmi les véhicules. Banal depuis quelques jours.

Devant le QG de Jean Ping, quelques dizaines de militants affirment que la porte d'entrée a été fracassée dans la nuit.

Un camion de gendarmerie fait des allers-retours devant l'immeuble de cinq étages surmonté d'une coupole, qui était vide la nuit dernière, et qui porte encore les traces de l'assaut des forces de sécurité du 1er septembre.

'Nous irons jusqu'au bout'

"C'est une provocation!", s'exclame Persina, 25 ans, en montrant également des policiers qui surveillent le bâtiment depuis un immeuble en construction, de l'autre côté de la voie express.

"Nous n'allons pas laisser Ali Bongo diriger le Gabon pendant sept ans. Nous allons faire en sorte qu'il quitte le pouvoir", lance la jeune femme aux cheveux ramenés en tresses, sous le regard approbateur des hommes.

"Nous demandons de l'aide aux Européens", ajoute Persina qui attend comme le reste du Gabon le prochain mot d'ordre de Jean Ping.

Dans ce quartier Charbonnages, un tract anonyme circule détaillant le patrimoine de Jean Ping et ses proches, avec cette mise en garde: "Si un bien public ou privé est cassé ou brûlé (...) nous passerons à la riposte par la destruction rapide" de ces biens.

Retour vers le front de mer en suivant un pick-up avec, à son bord, un soldat qui laisse négligemment le canon de sa Kalachnikov pointé vers le véhicule qui suit. Contrôle d'identité et des papiers de la voiture par d'autres militaires près du palais présidentiel.

Une journée (presque) tranquille à Libreville.

Avec AFP

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