"Ils ont attaqué vers 01H00 (locale, 00H00 GMT). C'est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves", a déclaré M. Ping à l'AFP, précisant qu'il n'était pas sur les lieux.
Alain-Claude Bilie-By-Nze, porte-parole du gouvernement, a affirmé que l'assaut visait des "criminels" qui avaient incendié l'Assemblée nationale dans l'après-midi. "Des personnes armées qui ont incendié le siège de l'Assemblée nationale se sont repliées au QG de Jean Ping en même temps que des centaines de pilleurs et de casseurs", a-t-il déclaré à l'AFP.
Quelques heures plus tôt, la commission électorale avait annoncé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d'Ali.
Cet écart marginal représente une différence de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d'à peine 1,8 million d'habitants.
M. Bongo Ondimba, 57 ans, devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation.
Mais l'opposition a réclamé un recomptage des voix dans tous les bureaux de vote et ses partisans sont massivement descendus dans la rue.
Au moins six personnes ont été admises à la polyclinique Chambrier à Libreville pour des blessures par balle, ont constaté des journalistes de l'AFP. Plusieurs d'entre elles ont indiqué avoir été blessées par les forces de l'ordre près de l'Assemblée incendiée.
Un panache se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon Mba, selon des journalistes de l'AFP qui se trouvaient à distance.
Protégée par des grilles, l'Assemblée nationale se trouve sur le prestigieux boulevard Triomphal, siège de grandes institutions (télévision d'Etat Gabon Télévision, Sénat, Centre culturel français, ministère du Pétrole, ambassades de Chine, de Russie...).
Des tirs étaient toujours entendus dans la soirée, alors que des véhicules transportant des policiers et des militaires sillonnaient la ville.
Dans l'anticipation de violences, les forces de sécurité s'étaient déployées dans la capitale dès mardi, à la veille de la proclamation des résultats du scrutin de samedi.
- Haute tension -
Dès l'annonce de la victoire controversée de M. Bongo, des troubles ont éclaté sur les grandes artères entre les forces de l'ordre et des opposants.
"On nous a volé les élections", criaient les manifestants, qui accusent Ali Bongo de poursuivre la dynastie installée par son père, président pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009, et perpétuée par l'élection de son fils la même année.
"Nous déplorons lors de la manifestation de ce jour trois morts et plusieurs blessés", a accusé sur son compte Twitter Jean Ping. Le gouvernement a démenti qu'il y ait des victimes.
Au moment même des troubles, Ali Bongo s'est félicité d'une élection "exemplaire".
Ex-puissance coloniale, la France a demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon (environ 2.500), relayant une demande de l'Union européenne (UE) - et de l'opposition.
"M. Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l'Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage bureau par bureau, devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin", ont indiqué son chargé de communication au Gabon, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.
La diplomatie américaine a réclamé la publication des résultats par bureau de vote.
Fait unique dans l'histoire politique du pays, le secrétaire général du Parti démocratique du Gabon (PDG), au pouvoir depuis des décennies, avait aussi pris ses distances avec le président sortant.
Le numéro deux du parti, Faustin Boukoubi, a encouragé la commission "à prendre toutes les dispositions idoines afin de publier des résultats fondamentalement crédibles".
Depuis le vote dans la sérénité samedi, les deux candidats ou leur entourage s'étaient auto-proclamés vainqueurs.
Ex-baron du régime du président Omar Bongo, opposant tardif après l'élection de son fils en 2009, Jean Ping prétend mettre fin au règne de la famille au pouvoir depuis 1967.
La campagne s'était déroulée dans un climat délétère, l'opposition affirmant que M. Bongo est de fait un enfant du Nigeria adopté par son père Omar, et qu'il ne peut exercer à ce titre le pouvoir selon la Constitution.
Avec AFP