Tout juste 24 heures après sa nomination, la Première ministre du Gabon Rose Christiane Ossouka Raponda a dévoilé vendredi son nouveau gouvernement.
Même si la nouvelle équipe ministérielle ne se démarque pas trop de la précédente, on remarque quelques changements qui interpellent l'opinion.
Première femme à être nommée à la tête d'un gouvernement au Gabon, Mme Ossouka est remplacé à la tête du ministère de la Défense, poste qu'elle occupait jusqu'ici, par Michael Moussa Adamo, ancien ambassadeur du Gabon aux Etats-Unis.
M. Moussa Adamo, qui a fait ses études universitaires dans l'État américain du Massachusetts, est très proche du président Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009. Cité dans un rapport du sénat américain sur la corruption et le blanchiment d'argent en Afrique centrale, il est agressé en 2011 par des activistes gabonais aux abords de l'ambassade qu'il dirigeait à Washington.
Autre changement notable: le départ de Jean De Dieu Moukagni Iwangou, ancienne figure de proue au sein de l'opposition gabonaise. L'entrée de ce juriste réputé intègre au sein du gouvernement avait alimenté la polémique en 2018. Difficile de savoir de quoi sera fait son avenir.
La plupart des portefeuilles ministériels restent inchangés.
Une des seules entrées notables est celle de Guy Patrick Obiang, jusqu'ici à la tête du comité de pilotage de lutte contre la maladie Covid-19, qui devient ministre de la Santé. Il remplace ainsi Max Limoukou, étrangement silencieux depuis le début de la pandémie.
Le charismatique ministre des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, devient ministre de l'Energie et des Ressources Hydrauliques, un portefeuille stratégique dans ce pays producteur de pétrole. L'un de ses derniers actes aura été d'imposer le gel de visas de tourisme aux ressortissants européens "par réciprocité".
M. Bilie-By-Nze est remplacé aux Affaires étrangères par Pacôme Moubelet Boubeya, qui connaît bien le poste, pour l'avoir occupé entre 2016 et 2017.
Un président quasi-invisible
Ce remaniement intervient alors que l'opposition et des personnalités de la société civile s'interrogent à nouveau publiquement sur l'état de santé du président Ali Bongo Ondimba.
Élu il y a près de 11 ans, en succédant à son père Omar Bongo Ondimba, le chef de l'Etat est affaibli physiquement par un AVC qui l'a frappé en octobre 2018. D'ailleurs, l'absence très remarquée du chef de l'État gabonais aux obsèques de son ancien Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet, fin juin, avait relancé les débats sur son état de santé. Le président a "une nouvelle fois brillé par son absence", note le site d'informations Info241. Début juillet l’opposant Jean Ping avait déclaré qu'Ali Bongo Ondimba est désormais dans "l'incapacité manifeste" de s'acquitter de ses fonctions.
Lundi, après quelques semaines d'absence dans les médias, Ali Bongo Ondimba est réapparu sur des photos et des vidéos diffusées par les médias officiels ou proches du pouvoir, présidant une réunion des chefs des différents corps de l'armée et de la police.
La Première ministre a rencontré le président vendredi pour lui présenter son gouvernement, selon la présidence, qui a diffusé des photographies de ce rendez-vous.
Selon la présidence, le nouveau gouvernement de Mme Ossouka aura pour "mission", entre autres, "d'assurer la relance économique et l'accompagnement social nécessaires en raison de la crise mondiale liée à la (maladie) Covid-19".
Déjà déstabilisé par la chute des cours de l'or noir en 2014, le Gabon, très dépendant de l'économie mondiale en raison de la place des matières premières dans son économie, doit désormais faire face aux conséquences économiques de la pandémie du coronavirus.
Le pays manque toujours cruellement d'emplois pour les jeunes, de routes, d'hôpitaux et d'écoles. Un Gabonais sur trois vit sous le seuil de pauvreté.