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Journée noire pour l'opposition en Gambie


Ousainou Darboe, chef du principal parti d'opposition gambien et avocat des droits de l'Homme, était candidat de l'opposition lors de la dernière élection de 2006 en Gambie, 22 septembre 2006.
Ousainou Darboe, chef du principal parti d'opposition gambien et avocat des droits de l'Homme, était candidat de l'opposition lors de la dernière élection de 2006 en Gambie, 22 septembre 2006.

Tenue à la discrétion dans un pays dirigé d'une main de fer depuis plus de vingt ans par Yahya Jammeh, l'opposition gambienne a protesté contre la mort en prison de l'un des siens, une manifestation immédiatement sanctionnée par l'arrestation de son chef.

La journée a commencé avec l'annonce du décès en détention de Solo Sandeng, haut responsable du Parti démocratique uni (UDP), principal parti d'opposition du pays. Le militant avait été arrêté jeudi par la police anti-émeute pour avoir pris la tête d'une manifestation contre le président Jammeh.

Les membres de l'UDP, qui ont confirmé ce décès à l'AFP, ont immédiatement réagi en organisant une nouvelle manifestation pour protester contre la mort de leur camarade. Quelque 150 d'entre eux se sont rassemblés en périphérie de la capitale Banjul devant le domicile d'Ousainou Darboe, chef de l'UDP, avocat et fervent défenseur des droits de l'Homme.

Des témoins ont décrit à l'AFP l'intervention des forces de sécurité gambiennes qui, armées de fusils d'assaut, ont aspergé les manifestants de gaz lacrymogène, avant d'interpeller M. Darboe et trois autres responsables du mouvement.

"Ousainou Darboe et d'autres dirigeants ont été arrêtés par les agents de sécurité", a affirmé à l'AFP Modou Ceesay, qui a assisté aux événements. "Plusieurs personnes ont été battues", a-t-il ajouté.

"Ces gens n'ont rien fait de mal. Ils ont exercé leur droit constitutionnel et ce droit constitutionnel, nous allons à présent l'exercer à notre tour", avait déclaré M. Darboe lors d'une conférence de presse avant son arrestation, réclamant la libération de ses collègues détenus.

"Nous allons (manifester) pour qu'on nous rende le corps de Solo. Nous allons demander que Mme Fatoumata Jawara et les autres soient libérés", avait-il lancé, faisant référence à la présidente des jeunes de l'UDP, écrouée jeudi. Elle serait à présent dans le coma.

"Nous ne permettrons à personne de piétiner nos droits sous prétexte de la sécurité et la stabilité", avait encore déclaré M. Darboe.

Manifestation pacifique

Plus tôt samedi, la chercheuse pour l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International Sabrina Mahtani avait affirmé à l'AFP avoir "reçu des informations selon lesquelles Solo Sandeng serait mort en détention (...) peu de temps après son arrestation pour avoir participé à ce qui, selon des témoins, était une manifestation pacifique".

Les circonstances de la mort de M. Sandeng sont "encore inconnues" selon la représentante d'Amnesty, qui a appelé les autorités à mener immédiatement une enquête et à libérer tous les autres membres de l'UDP encore détenus.

Le ministre de l'Information gambien n'a pas commenté ce décès.

Jeudi après-midi, les forces de sécurité gambiennes avaient frappé plusieurs dizaines de militants de l'UDP rassemblés à la périphérie de Banjul pour réclamer une réforme électorale, avant de les arrêter et de les emmener vers une destination inconnue.

M. Sandeng a été emmené séparément. Selon Amnesty, il avait déjà été détenu par les autorités en 2013.

Au moment des manifestations, le chef de l'Etat Yahya Jammeh se trouvait en Turquie pour le sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).

Parvenu au pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang en 1994 puis élu en 1996, et réélu tous les cinq ans depuis, M. Jammeh dirige en autocrate la Gambie, petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique.

Il a été investi en février candidat de son parti, l'Alliance pour la réorientation et la construction patriotique (APRC) afin de briguer un cinquième mandat lors de la présidentielle de décembre.

Le régime de Yahya Jammeh est accusé par des ONG, et cette semaine par le département d'Etat américain dans un rapport sur les droits de l'Homme, de disparitions forcées, harcèlement de la presse et des défenseurs des droits de l'Homme, accusations qu'il a régulièrement rejetées.

Avec AFP

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