Ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest est plongé dans une crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu'il ne reconnaissait plus les résultats du scrutin, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.
Depuis son revirement, Yahya Jammeh subit de nombreuses pressions extérieures pour quitter le pouvoir à la fin de son mandat, qui se termine le 18 janvier. Adama Barrow a affirmé qu'il sera investi le 19 janvier et se considèrera président à compter de cette date.
L'avocat de M. Jammeh, Me Edward Gomez, a déposé jeudi "aux environs de 18H00 (locales et GMT) au greffe de la Cour suprême une requête demandant de ne pas permettre la tenue de l'investiture", a indiqué à l'AFP une source au sein de cette institution.
Il s'agit, d'après la copie du texte, d'une "injonction demandant à la Cour suprême" d'émettre une interdiction, pour son président comme pour ses membres ou toute autre personne investie de pouvoirs judiciaires, "de faire prêter serment à et/ou d'investir Adama Barrow comme président de la République le 19 janvier ou à toute autre date" en attendant une décision sur cette requête.
Il sollicite également que M. Barrow soit empêché de se présenter devant le président de la Cour.
Le camp de Jammeh requiert aussi qu'il soit interdit aux fonctionnaires, aux parlementaires et aux organisations professionnelles "de préparer, organiser, exécuter ou participer d'une manière ou d'une autre" à cet évènement en attendant la décision.
M. Jammeh et son parti avaient déjà saisi la Cour le 13 décembre d'une demande d'annulation de la présidentielle, puis de deux nouveaux recours le 3 janvier.
Mardi, la Cour a jugé impossible de statuer avant plusieurs mois sur ces recours, le temps de recruter les magistrats manquants, et a prôné par conséquent une solution négociée.
Dans un message à la Nation dans la nuit de mardi à mercredi, Yahya Jammeh a dénoncé "des ingérences étrangères sans précédent" dans son pays et appelé à un règlement pacifique du contentieux électoral.
"Je pense que nous pouvons demander aux Gambiens de se rassembler pour trouver une solution, sans ingérence extérieure malvenue", a-t-il déclaré.
Il a annoncé une série de mesures d'amnistie afin "d'éviter toute chasse aux sorcières et d'instaurer un climat de confiance et de sécurité" sous l'égide d'un médiateur qu'il a nommé.
Cette déclaration de M. Jammeh "appelant au dialogue intervient au bon moment", a réagi la coalition ayant soutenu Adama Barrow dans un communiqué diffusé jeudi.
"Le dialogue est nécessaire pour parvenir à une compréhension mutuelle et avancer de manière pacifique", ajoute l'opposition, affirmant attendre les initiatives du médiateur.
Elle exclut cependant toute éventualité de la prolongation de la présidence de M. Jammeh: il "a un mandat de cinq ans, il ne peut (l')excéder".
Des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), conduits par le président nigérian Muhammadu Buhari, sont attendus vendredi à Banjul pour convaincre M. Jammeh de céder le pouvoir sans heurts le 19 janvier.
Le 31 décembre, Yahya Jammeh avait accusé la Cédéao de partialité, excluant toute négociation avec elle.
Jeudi à Abuja, les députés nigérians ont estimé que M. Buhari devrait envisager d'accorder l'asile à M. Jammeh si cela peut ouvrir la voie à une sortie de crise.
Avec AFP