Au huitième mois de la guerre l'opposant au mouvement islamiste palestinien Hamas, l'armée israélienne a affirmé samedi dans un communiqué avoir "éliminé une cinquantaine de terroristes. Elle dit aussi avoir localisé des dizaines de puits de tunnels" dans l'est de Rafah, la ville gazaouie du sud accolée à l'Egypte, où ses troupes sont entrées début mai.
"Des centaines d’infrastructures terroristes ont été détruites", incluant "des installations de production d'armes et des sites de lancement prêts à l'emploi", a ajouté l'armée.
Selon des journalistes de l'AFP, les tirs d'artillerie et les frappes aériennes se poursuivent dans l'est et le nord-est de Rafah. Une frappe y a fait deux morts dans un camp de déplacés, a indiqué l'hôpital koweïtien de la ville.
Les Brigades al-Qods, branche armée du Jihad islamique palestinien, ont aussi fait état de violents combats dans l'est de la ville avec les troupes israéliennes qui sont entrées dans ce secteur le 7 mai.
Dans le nord de la bande de Gaza, des correspondants de l'AFP, témoins et médecins ont également fait état d'affrontements intenses dans la nuit de vendredi à samedi dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza-ville.
Début janvier, Israël avait annoncé avoir démantelé la structure de commandement du Hamas dans le nord du territoire palestinien, mais l'armée a indiqué vendredi que le mouvement palestinien contrôlait "totalement" Jabalia à son arrivée "il y a quelques jours".
"Des dizaines de personnes sont mortes en martyrs et des centaines d'autres ont été blessées" dans le camp de Jabalia, a affirmé samedi le Hamas, accusant l'armée israélienne de "détruire des immeubles résidentiels (...) et prendre pour cible des écoles et abris".
Les Brigades Al-Qods ont elles affirmé avoir ciblé à Jabalia un centre de commandement de l'armée israélienne, et tiré un barrage de roquettes en direction de la ville israélienne d'Ashkelon (sud).
- Livraison d'aide, mais insuffisante -
Le conflit a été déclenché le 7 octobre par une attaque de commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.
En représailles, Israël a lancé une opération militaire dans la bande de Gaza, y faisant entrer ses troupes fin octobre, pour détruire le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et qui a pris le pouvoir en 2007 dans cette bande de terre.
Côté palestinien, 35.386 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées depuis le début de la guerre, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Après des mois de bombardements et d'opérations qui ont ravagé le nord et le centre de la bande de Gaza, et poussé plus d'un million de déplacés à Rafah, l'armée israélienne a annoncé jeudi intensifier ses opérations dans cette ville, avec l'objectif affiché d'y anéantir les derniers bataillons du Hamas, malgré les craintes de la communauté internationale pour la population civile.
Alors que l'aide humanitaire est quasi à l'arrêt depuis des jours, "plus de 300 palettes" de matériel ont été acheminées pour la première fois samedi via une jetée flottante temporaire construite par les Etats-Unis, a annoncé l'armée israélienne.
Mais l'ONU et les organisations humanitaires répètent que seule l'ouverture des passages routiers peut garantir les nécessaires distributions à grande échelle, dans un territoire assiégé et menacé de famine.
"Aucune voie d'acheminement de l'aide, y compris la jetée flottante, ne constitue une alternative aux routes sous supervision palestinienne", a souligné samedi le Hamas dans un communiqué.
- Nouvelle visite américaine -
Depuis le déploiement le 7 mai de l'armée israélienne du côté palestinien du poste-frontière de Rafah, Israéliens et Egyptiens se renvoient la responsabilité de la paralysie de ce passage crucial, par où entrait l'essentiel du carburant indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.
Les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez.
Vendredi, 13 pays - Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Australie, Corée du Sud et sept Etats membres de l'UE parmi lesquels la France - ont adressé à Israël un appel conjoint à ne pas lancer d'offensive de grande ampleur sur Rafah.
Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'affirme déterminé à mener cette bataille qu'il qualifie de "décisive", campant sur son refus de "toute discussion" sur l'après-guerre avant que "le Hamas soit anéanti".
Son ministre de la Défense, Yoav Gallant, a critiqué mercredi cette position, réclamant qu'une "alternative au Hamas" pour la gouvernance de Gaza soit "préparée immédiatement".
Les civils continuent eux de fuir Rafah, vers le nord et la côte, malgré l'absence "d'itinéraire sûr" et de "destination sûre", selon l'agence humanitaire de l'ONU, Ocha.
Depuis qu'Israël a ordonné l'évacuation des secteurs est de la ville le 6 mai, "640.000 personnes" ont fui, sur un total de quelque 1,4 million de personnes, habitants et personnes déplacées, a chiffré l'Ocha vendredi.
Premier soutien d'Israël, les États-Unis, qui s'opposent également à une offensive d'ampleur à Rafah, ont annoncé la visite dimanche en Israël du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
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