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Côte d’Ivoire : Votre opinion sur la crise Gbagbo vs Ouattara : vers une intervention légitime de la CEDEAO ou un coup de force?


Gbagbo, Ouattara
Gbagbo, Ouattara

La crise ivoirienne en mots, en sons et en images. Des interviews avec les parties concernées, des témoignages d’Ivoiriens ordinaires et des réactions d’Afrique et du monde pour tenter de cerner les contours de la nouvelle situation en Côte d’Ivoire à l’adresse suivante : voafrench@gmail.com.

Pour la première fois depuis le début de la crise, une organisation internationale menace d’employer la force pour déloger le président sortant Laurent Gbagbo du pouvoir. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest a menacé d’utiliser « la force légitime ». Laurent Gbagbo accuse la communauté internationale d'ingérence dans les affaires internes de son pays. Son rival, le président Alassane Ouattara table sur la mise en exécution de la menace d'une intervention armée.

Eric Edi

Pour résoudre la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, les Chefs d’Etats de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont évoqué le recours à la force dite légitime pour évincer le Président Gbagbo du pouvoir (Résolution No 192/2010 de la CEDEAO du 24 Décembre 2010). Bien que mise en veilleuse depuis la mission conjointe de médiation de la CEDEAO et de l’Union Africaine du 3 janvier 2011, cette décision est inconvenante et illégitime. Non seulement elle enfreint les textes et principes de la CEDEAO, mais aussi elle n’est pas une garantie de paix.

Il est bon de préciser que les Ivoiriens, qui demandent le respect du verdict du Conseil Constitutionnel donnant le Président Gbagbo vainqueur des élections, ne rejettent pas la médiation de la CEDEAO. Cette médiation répond aux prérogatives de maintien de la paix assignées à cette institution. Si la CEDEAO intervient de manière impartiale, personne ne se plaindra. Mais, quand on constate que cette institution se joint aux puissances étrangères pour choisir le Président de la Côte d’Ivoire, au mépris des juridictions en vigueur dans le pays, son action devient illégitime et prend les allures d’une ingérence. La chose la plus absurde c’est la volonté des chefs d’états d’ignorer le rapport détaillé de la mission d’observation des élections de la CEDEAO qui fait état d’irrégularités graves dans le nord de la Côte d’Ivoire. Par exemple, dans plus de 2,200 procès verbaux il y a plus de votants que d’inscrits dans des bureaux au nord de la Côte d’Ivoire. La mission de la CEDEAO a recommandé que ces irrégularités soient prises en compte dans la proclamation des résultats définitifs des élections. Le rejet de cette recommandation ôte à la CEDEAO toute objectivité et toute sincérité. Ce manque de sincérité fonde la thèse selon laquelle l’option militaire que préconise la CEDEAO est un parapluie pour les puissances occidentales, les premières à demander l’usage de la force. Si l’usage de la force est légitime, pourquoi faire appel à l’ECOMOG alors que les Nations-Unies ont déjà des troupes en Côte d’Ivoire ? Pourquoi l’Onu n’intervient-elle pas pour faire partir le président Gbagbo du pouvoir ?

Selon ces statuts et protocoles, la CEDEAO n’a pas pour vocation de désigner le vainqueur d’une élection présidentielle dans un des pays membres, surtout lorsque les institutions de ce pays fonctionnent. En Côte d’Ivoire, malgré la partition du pays depuis 2002, les institutions de la république ne se sont pas effondrées. Ce sont ces institutions qui ont organisé les élections avec l’aide de la communauté internationale mais sans s’y inféoder. Aucun accord de paix n’a abrogé la Constitution ivoirienne et les institutions qui en découlent dont le Conseil Constitutionnel. Donc outrepasser les compétences de ces institutions qui fonctionnent est une ingérence sinon un coup de force. Depuis sa création, l’ECOMOG n’est jamais intervenue pour déloger un chef d’état élu selon les institutions de son pays. Elle n’est jamais intervenue dans une dispute électorale. Et ce qui choque encore, c’est le mutisme de la CEDEAO sur cette mascarade de résultats provisoires proclamés hors-délai, à la va-vite, et dans le quartier général de campagne de Ouattara par le président de la Commission Electorale devenu introuvable.

Le Président Gbagbo n’est pas arrivé au pouvoir par les armes. Il n’a jamais dirigé une rébellion. Ses efforts pour le multipartisme et la démocratie en Côte d’Ivoire sont factuels. Sa réélection est entérinée par la même loi ivoirienne qui a permis à quatorze candidats de participer à cette élection. Il est donc erroné de le comparer à Charles Taylor pour justifier tout usage de la force. Il ne faut pas agir comme si la crise postélectorale ivoirienne est la première du genre en Afrique de l’ouest. En dehors du Mali, du Benin, et du Ghana qui sont de bons exemples de démocraties électorales, des pays comme le Nigeria, le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée ont tenu des élections dans des conditions peu recommandables. Comment donc, ces pays peuvent-ils rendre une action militaire légitime? Comment la CEDEAO qui n’a rien dit devant le refus des Forces Nouvelles, soutiens patentés de Ouattara, de désarmer pour garantir un scrutin équitable retrouve-t-elle soudainement la voix ? Il convient de souligner que cette CEDEAO est restée timide contre la rébellion ivoirienne malgré les 5,000 morts et le désastre économique qu’elle a causé à la Côte d’Ivoire depuis 2002.

L’autre aspect de l’illégitimité de l’intervention militaire contre le Président Gbagbo se trouve dans les conséquences graves qu’elle entrainerait pour la stabilité du pays et de la sous-région. Rien ne justifie l’option militaire dans un pays où les armes circulent profusément depuis l’éclatement de la crise en 2002. La paix fragile acquise depuis les Accords de Ouagadougou (2007) et qui a favorisé la tenue des élections s’est considérablement effritée depuis la fin du scrutin. Les risques de pogroms contre les ressortissants étrangers et les affrontements entre Ivoiriens comme ceux de Duékoué la semaine dernière sont à prendre au sérieux. Que dire des refugiés et des déplacés dont le nombre continue de grimper ? Ceux qui affirment que l’ECOMOG se limiterait seulement à enlever le président Gbagbo ignorent à dessein la complexité de la situation ivoirienne. Ils sont volontairement évasifs sur la hargne de milliers d’Ivoiriens qui sont prêts à s’opposer à cette intervention et les conséquences d’une telle opposition. Les récents accrochages entre l’ONUCI et des jeunes dans les quartiers d’Abidjan et les évènements tragiques de Novembre 2004 entre les Patriotes et les forces françaises devraient faire comprendre à la CEDEAO que la force militaire est une mauvaise solution, surtout que le Président Gbagbo a le soutien effarant de nombreux Ivoiriens.

Le recours à la force est coûteux et les désastres qui en découleraient sont trop énormes pour la Côte d’Ivoire et pour la crédibilité de la CEDEAO. La sous-région en souffrirait aussi. C’est pourquoi, le principe de règlement pacifique des crises de la CEDEAO est la meilleure voie. Le Président Gbagbo y adhère. Il demeure formellement une soupape sûre pour la paix en Côte d’Ivoire.

Eric Edi est originaire de la Côte d'Ivoire. Il a fait ses études universitaires à l'université de Cocody sanctionnées en 1997 d'une maitrise et d'un Diplôme d'Etudes Approfondies au Département d'Anglais, option civilisations africaines. Inscrit en année de thèse de doctorat de 3eme cycle, il obtient une bourse Fulbright du département d'Etat Américain. Il s'inscrit au département d'Etudes Afro-Américaines à Temple University. Il s'intéresse à l'Histoire, la pensée politique des peuples noirs, africains, caribéens, et africains-américains. La mondialisation et les mouvements sociaux sont aussi ces sujets de recherche. Eric Edi soutient en 2004 une thèse de Doctorat (PhD) dont le thème est: Globalization and Politics in the Economic Community of West African States. Cette thèse est publie en 2007 par Carolina Academic Press. Eric Edi est Professeur d'Etudes Internationales et d'Etudes Africaines à Knox College, Illinois. Eric Edi est membre de plusieurs organisations non-gouvernementales africaines dans l'état de Pennsylvanie.

Koné Yacouba

Etant membre de la CEDEAO, de L'Union Africaine et de l'ONU; et ayant aussi ratifié les traités desdites Institutions, la Côte d'Ivoire, a accepté de facto de se soumettre aux textes qui régissent ces institutions. Dans la résolution de la crise ivoirienne, plusieurs accords ont été signés; notamment à Marcoussis (France) en passant par Accra, Pretoria, et finalement Ouagadougou. Suite aux Accords de Pretoria, la Résolution 1633 de l'ONU a permis à Monsieur Gbagbo Laurent d'être maintenu comme chef de l' Etat jusqu'aux élections présidentielles de 2005. Le clan Gbagbo a applaudi à se rompre les bras cette décision de l'ONU. A l'époque, aucun supporter de Gbagbo Laurent n'a parlé d'ingérence de la communauté internationale. Mis en confiance par cette Résolution de l'ONU qui le "légitimait", un temps soit peu, le gouvernement de la Côte d'Ivoire à sa tête Gbagbo Laurent ) a demandé à l'ONU de procéder à la certification des élections et ce, afin d'éviter les risques de " CONTESTATION NON DEMOCRATIQUES ET LES COMPROMISSIONS"

Dans sa Résolution 1765, le Conseil de Sécurité de l'ONU, après avoir rappelé ce qui suit: " toutes les parties Ivoiriennes, acceptant la nécessité de maintenir la responsabilité des Nations Unies pour ce qui est de la certification internationale du processus électoral conformément aux accords de Pretoria afin de garantir la transparence et la crédibilité des élections et de réduire au minimum les risques d'une crise politique au cas où certains contesteraient le processus électoral", a accepté la mission de certification demandée par le Gouvernement Ivoirien. La certification ne constitue donc pas une ingérence car elle a été demandée par les autorités ivoiriennes. De plus, la certification des résultats intervient en dernier recours, c'est-à-dire APRES la décision du Conseil Constitutionnel.

Si la certification a été demandée par toutes les parties, c'est évidemment en raison du fait que toutes les parties considéraient qu'elle constituait, au-delà même de la décision du Conseil Constitutionnel, la décision finale quant au résultat du scrutin.

Au regard de ce que j'ai développé, il n'y a donc aucune ingérence de la communauté internationale. Les récriminations de LMP sont celles de mauvais perdants.

Application des accords de la CEDEAO

L'ONU mais également la CEDEAO ont donc le devoir d'ingérence dans le conflit pour la simple raison que les élections qui avaient pour fonction de mettre fin à la crise ivoirienne ont été organisées à travers des moyens humains, matériels et juridiques des Nations-Unies et également la CEDEAO ( les accords de Ouagadougou...)

L'intervention de la CEDEAO qui sera le dernier recours en cas d'échec de la diplomatie se justifie moralement et juridiquement car selon l’Article 4 des Principes fondamentaux des statuts de la CEDEAO, les membres affirment et déclarent leur adhésion à ces principes fondamentaux " (j) de promotion et consolidation d'un système démocratique de gouvernement dans chaque état membre tel que prévu par la déclaration de principes politiques adoptée le 6 juillet à Abuja"

Aujourd'hui une intervention de l’ECOMOG qui est une force d'intervention pour le maintien et la restauration de la paix dans les états membres, est une nécessite en Côte d'Ivoire pour donner le pouvoir au président élu, le Dr Alassane Dramane Ouattara.

L'intervention de l'ECOMOG sera légitime, et appréciée des Ivoiriens.

Kone Yacouba est enseignant à Washington DC Public Schools, titulaire d'une Licence en informatique, et d'un Master en Education, spécialité supervision et gestion des écoles. M. Koné Yacouba est le secrétaire général du RDR section Maryland et le Directeur de campagne adjoint du Dr Alassane D. Ouattara aux USA.

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